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CATILINA

Vous feriez mieux de revenir sur vos pas et de rentrer dans votre patrie.
Ici, c’est le pays de la tyrannie
Et l’injustice y est souveraine.
L’Etat se qualifie de République
Mais chaque citoyen n’est qu’un esclave enchaîné.
Ecrasé par les impôts et les dettes,
Il dépend d’un Sénat, qui se vend lui-même.
L’ancien esprit de solidarité entre les Romains a disparu
Et disparues aussi sont les nobles idées de liberté
Qui jadis firent la force de la ville.
Les sénateurs tiennent en leurs mains
La vie et la propriété de tous ;
Et de cette vie et de cette propriété on n’en peut jouir
Qu’au prix de l’or.
La force règne ici et non la justice,
Et l’homme véritablement noble,
Gémit écrasé sous le poids de la force brutale.

AMBIORIX

Mais qui es-tu donc, toi ?
Toi qui arraches de nos cœurs,
La confiance et l’espérance !

CATILINA

Je suis l’homme dont le cœur bat uniquement pour la liberté,