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PREFACE

fit quelque bruit et intéressa les étudiants, mais la critique me reprocha la pauvreté de mes vers et ne trouva pas l’œuvre assez mûrie.

Un seul jugement favorable fut émis sur la pièce, mais il provenait d’un homme dont l’esprit bienveillant et autorisé commandait le respect, j’y fus si sensible que je saisis encore l’occasion de lui en adresser ici de nouveaux remerciements.

Nous vendîmes bien peu d’exemplaires de notre petite édition et mon ami avait beaucoup de volumes de côté. Mais quand les finances faisaient défaut au commun ménage, nous allions vendre ces livres comme papier d’emballage au charcutier voisin. Et nous avions l’indispensable pour quelques jours.

L’été dernier pendant mon séjour en Norvège, et surtout après mon retour ici (Dresde, 1875), comme mon passé littéraire se dessinait très nettement en ma mémoire, je me mis à relire Catilina. J’avais à peu près oublié cette œuvre, en la parcourant je m’aperçus qu’elle avait certaines qualités, et que j’avais d’autant moins à la mépriser qu’elle avait été mon début en littérature.

Déjà à l’état embryonnaire apparaissent certaines préoccupations qu’on retrouvera développées dans mes autres pièces, par exemple l’abyme qui sépare le vouloir et le pouvoir, la destinée tragique et comique à la fois de l’humanité et de l’individu, et je pris la résolution, à l’occasion de mon jubilé, d’en donner une édition nouvelle,