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PREFACE

après cela mon âme m’apparaît bien jeune encore. En l’honneur des Madgyards je rime de pompeuses poésies les exhortant à résister aux tyrans pour le salut de l'humanité et de la liberté, j'adresse une suite de sonnets au roi Oscar pour lui enjoindre de marcher en hâte avec son armée au secours des frères danois qui succombent en Sleswig !

À présent que je ne crois plus beaucoup à l'efficacité de mes vers pour aider les Madgyards ou la cause Scandinave, je suis bien aise que mes poèmes soient demeurés en manuscrit.

Cependant je m'exprimais avec passion sur les sujets politiques en toute occasion et mes paroles plus vives encore que mes poésies étaient loin déplaire.

Mes amis me prenaient pour un pince-sans-rire extraordinaire, mes ennemis trouvaient très mauvais qu’un homme de peu comme moi se permit d’avoir une opinion sur des choses qu’ils ne se permettaient pas d’apprécier eux-mêmes.

J’ajouterai que ma conduite orageuse parfois, laissait peu d’espoir à la Société de me voir honorer jamais les vertus bourgeoises.

Enfin, par mes épigrammes et mes caricatures je perdis l’amitié de certaines personnes qui méritaient plus d’égards de ma part et dont j’appréciais au fond les sentiments affectueux. En un mot, alors que le monde était révolutionné par une grande idée je me