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CATILINA

Prends-le et enfonce-le à travers mon corps.
Délivré de ce cadavre, enfin je serais libre.

FURIA, en saisissant le poignard.

Ainsi soit fait, oh ! âme que j’aimai et détestai à la fois,
Je t’ai délivrée de ta mortelle enveloppe,
Viens avec moi chercher l’oubli.

(Elle le poignarde, il tombe au pied de l’arbre. Après une pause Catilina revient à lui, passe sa main sur son front et dit faiblement.)

CATILINA

Maintenant je comprends l’oracle énigmatique,
Je meurs de ma propre main,
Et aussi d’une main étrangère.
Némésis a accompli son œuvre.
Oh ! mort, cache-moi dans tes ténèbres !
Sombre Styx, que tes eaux débordent
Et me portent à ton autre bord,
Ne t’arrête pas, ô barque, mais vite
Va vers le royaume du silence,
Vers la demeure suprême des ombres.
Là-bas où la route se divise
Je me dirigerai sans plainte vers la gauche…

(Aurélia sort péniblement de la tente, elle est pâle, sa poitrine saigne.)