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CATILINA
FURIA

Ton ombre est encore attachée à la terre,
Mais tu n’as toi-même qu’à déchirer les liens qui t’y retiennent.
Viens. Laisse-moi placer sur ta tête cette couronne
Qui renferme en elle-même l’oubli,
Elle te calmera en tuant tes souvenirs.

CATILINA, avec une voix brisée.

Elle tue le souvenir ! Est-ce possible ?
Presse donc fortement ta couronne empoisonnée
Autour de mon front.

FURIA

(Plaçant la couronne empoisonnée sur la tête de Catilina.)

C’est ainsi que tu dois te présenter
Devant le prince des ténèbres, mon Catilina.

CATILINA

Allons ! J’ai hâte de descendre aux enfers,
La nostalgie du pays des ombres me saisit.
Partons tous deux ; mais qui me retient ici ?
Qui empêche mon pied d’avancer ? Oh ! je le sens,
Il y a dans le ciel matinal une pâle étoile
Qui me force à rester encore parmi les vivants.
Elle m’attire comme la lune attire la mer.