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CATILINA

Pour toi, tout est perdu.
Bientôt Catilina va s’éteindre
Et — juste vengeance — il dormira seul dans les bras de la mort.

AURELIA, avec enthousiasme.

Non, par les dieux lumineux !
Il n’en sera pas ainsi.
Mes larmes sauront encore
Se frayer une route jusqu’à son cœur.
Et si, après la bataille, je le trouvais pâle et ensanglanté,
J’entourerais, de mes deux bras, sa poitrine glacée
Et sur ses lèvres muettes je mettrais le souffle de tout mon amour ;
J’adoucirais la douleur de son âme,
Et je lui apporterais la consolation et la paix.
Vengeresse sinistre, je t’arracherai ta victime
Et par les liens de l’amour je conduirai Catilina
Vers les pays de brillante clarté.
Mais si son cœur a cessé de battre,
Si son œil s’est éteint,
Tous deux enlacés nous entrerons dans la mort.
Les dieux cléments m’accorderont alors en récompense
La profonde et douce paix du tombeau
A côté de mon époux.

(Elle sort.)