Page:Ibsen - Catilina, trad. Colleville et Zepelin.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
CATILINA

Une sorte de chasse infernale,
Semblable à une mer démontée
Qui se brise contre les rochers du rivage.
Mais, entre temps, au milieu de cette effrayante foule,
J’apercevais des petits enfants aux fronts ornés de fleurs
Et j’entendais une douce chanson qui me rappelait
Le charme d’une paisible demeure, hélas ! trop oubliée.
Subitement, la lumière se fit,
Et j’aperçus distinctement
Deux femmes :
L’une était sévère et sombre comme la nuit,
L’autre douce comme le crépuscule.
Oh ! il me sembla bien les reconnaître toutes deux.
Tantôt le sourire de l’une me versait la confiance et la paix,
Tantôt l’œil foudroyant de l’autre me pénétrait comme un feu.
Alors la terreur s’empara de moi,
Et cependant, magiquement, je fus forcé
De contempler cette vision.
L’une de ces femmes, fièrement debout,
L’autre, appuyée contre une table,
Me semblaient jouer un étrange jeu d’échecs.
Elles prenaient et remplaçaient les pions.
Enfin le jeu se termina.
Celle qui perdait la partie, la femme au doux sourire,
Et les enfants aux fronts fleuris s’engloutirent sous la terre ;