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de les entendre dans leur signification ordinaire ; car elle pourrait faire croire à de fimperfection (dans la nature de Dieu), en éta- blissant une similitude (entre lui et les êtres créés), et on les regarde comme des expressions métaphoriques. C'est ainsi que les Arabes donnent un sens allégorique à des phrases dont le sens littéral serait inadmissible. Ils ont expliqué de cette manière le passage du Coran (où il s'agit d'un mur) qui pensait s'écrouler (sour. xviu, vers. 76). C'est chez eux une pratique admise qui n'a jamais été repoussée ni regardée comme une innovation.

  • Ce qui porta les (scolastiques) à interpréter ces mots d'une ma-

nière allégorique, bien que cela fût contraire au système des pre- P. 5i. nliers musulmans, qui remettaient à Dieu la compréhension des ver- sets obscurs, ce fut la hardiesse de quelques musuhnans des temps postérieurs, — nous voulons parler des Hanbelites anciens et mo- dernes, — qui entendaient ces expressions d'une manière tout à fait étrange : ils les regardaient comme désignant des attributs établis dans Dieu, mais d'une manière inconnue. Ainsi , pour expliquer fidée de Dieu qui se pose sur son trône, ils disent que l'acte de se poser est établi en lui. « Nous conservons (disaient-ils) au terme se poser sa si- gnification littérale pour ne pas être obligés à le déclarer nul [tatîl). Nous n'indiquons pas la manière dont l'acte de se poser est établi en Dieu, pour ne pas nous laisser entraîner dans Y assimilation (de Dieu aux créatures), choses que les versets privatifs n'autorisent pas. Tels sont les passages : // n'y a rien qui lai soit semblable (Coran , sont . xi.n , vers. 9) , — loin de sa gloire ce qu'on lui attribue (s. xxiii, v. gcJ), — loin de lai ce que disent le gens pervers^, — il n'a pas engendré et n'a pas été engendré (s. cxii, v. 3). » Les Hanbehles ne se doutaient cependant pas qu'ils entraient en pleine assimilation quand ils reconnaissaient pour réel l'acte de se poser. Chez les philologues, se poser veut dire se te- nir dans un lieu, s'y fixer; donc, il implique fidée de la corporéité.

' Ce passage, le! qu'il est rapporlé dans le texte arabe, ne se trouve pas dans le Coran.

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