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D'IBN KHALDOUN. 67

Ce qui montre que la manière d'expliquer ces versets est inconnue aux mortels, c'est que les mots de la langue (arabe) comportent seu- lement les significations que les Arabes leur ont assignées et que, si nous nous trouvons dans l'impossibilité de rattacher à une expres- sion l'idée qu'elle sert à énoncer, nous ignorons ce que cette expres- sion veut indiquer. Donc, si elle nous vient de la part de Dieu, nous devons laisser à Dieu d'en connaître le sens, sans vouloir engager notre esprit dans la recherche d'une signification que nous ne possédons au- cun moyen de trouver. Aïcha (la femme de Mohammed) a dit : • Quand vous verrez des gens qui se disputent au sujet (du sens) du Coran, évitez-les; car ce sont eux que Dieu a désignés (par ces paroles : ceux dont les cœars dévient vers l'erreur). » Telle fut la règle suivie par les anciens musulmans à fégard des versets obscurs^; ils l'appliquaient aussi aux expressions du même genre qui se présentent dans la Sonna, parce qu'elles proviennent de la même source que celles du Coran.

Ayant signalé les diverses espèces de versets obscurs, nous revien- drons aux différentes opinions qui ont cours à ce sujet. Parmi les versets qu'on a spécifiés comme ayant ce caractère, sont ceux qui ont rapport à la (dernière) heure (du monde), aux conditions sous lesquelles elle doit arriver, aux temps où les signes précurseurs de cet événe- ment auront lieu, au nombre des suppôts (de l'enfer; Coran, s. xcvi, v. I 8), etc. Mais il me semble que ces versetslà ne sont pas du nombre des obscurs, car ils n'offrent aucun mot, aucune expression, dont le sens puisse donner lieu à des conjectures. (Ce qu'ils renferment de vague et d'indéterminé ce ne sont pas les mots,) mais les temps de certains événements qui doivent arriver, temps dont Dieu s'est ré- servé la connaissance, ainsi qu'il l'a déclare lui-même dans le texte du Coran et par la bouche de son Prophète, il a dit : « La connais- sance de ces choses n'existe que chez Dieu. [Coran, sour. vu, vers. 187.) On a donc lieu de s'étonner que quelques personnes aient regardé ces versets comme obscurs. Quant aux lettres isolées qui se trouvent

Je rendrai dorénavant motechal>eh par o6jcnr et niohkam par clair.

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