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aux molecliabeh, par le désir de faire da scandale ou de les expliquer: mais personne n'en connaît l'explicalion excepte Dieu, et les hommes con- sommés dans la science diront : Nous croyons aux motechabeh ; ils viennent tous de la part de notre Seigneur, et il n'y a que les hommes sensés qui soient capables de réfléchir. {Coran, sour. m, vers. 5,)

Les savants d'entre les premiers musulmans, c'est-à-dire d'entre les Compagnons du Prophète et leurs disciples, ont entendu par le mot mohkam les versets dont le sens est clair et dont les iiidica- p. 45. tions sont positives, et c'est pour cette raison que, dans le style technique des légistes, on définit comme /noA/:am, «ce qui est évi- dent quant au sens. » Ils s'expriment de diverses manières au sujet des passages motechabeh : selon quelques-uns, ce sont les versets dont le sens ne peut être rendu clair que par un examen attentif et une inter- prétation (allégorique), puisqu'ils se trouvent en contradiction avec d'autres versets ou avec la raison; aussi leur signification est-elle cachée et obscure. Ce fut en partant de ce principe qu'lbn Abbas di- sait : « On doit croire aux versets motechabeh, mais ne pas les prendre pour règle de conduite.» Selon Modjabed ' et Eïkrima'^, tous les versets du Coran, excepté ceux qui sont mohkam et ceux qui forment des narrations, sont motechabeh, et telle fut aussi l'opinion d'Abou Bekr (el-Bakillani) et de fimam El-Haremeïn. Thauri *, Es-Chabi *. et un certain nombre des premiers docteurs, disaient que le mote- chabeh était ce dont il n'y avait aucun moyen d'obtenir la connais- sance, comme, par exemple, les signes qui annoncent l'approche de la fin du monde ^, les époques où les avertissements (à ce sujet) au-

��' Vuy. la a' partie, p. ib3, iiole 1. Son père Ujebr s'appelait aussi Djobeïr.

' Elkrima (ou Akerma selon la pro- nonciation berbère) était originaire de la Mauritanie et de race berbère. Devenu client ou affranchi d'Ibn Abbas, il s'ap- pliqua à l'élude de l'exégèse coranique et dn droit musulman, et finit par ôlre re- gardé comme l'homme le plus savant de Prolégomènes. — ni.

��son temps. 11 mourut vers l'an )o6 de l'hégire (724-725 Je J. C).

' Voy. la 3* partie, p. i63, note 2.

' Amer Ibn Cborahil es-Chabi l'ut, de son temps, le docteur le plus savant de la ville de Konfa. Il y naquit vers l'an 20 de l'hégire. Sa mort eut lieu l'an io4 (722-723 de J. C).

' Lilléral. îles conditions de Fheiire. >

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