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admis par le cadi El-Bakillani, savoir: que la nullité de la preuve im- pliquait celle de la chose qu'on croyait avoir prouvée. Le système qu'on venait d'introduire , et que tous les scolastiques s'accordaient à accepter, différait beaucoup de l'ancien et était désigné p^r le nom de système des modernes. On y introduisit la réfutation de certaines doctrines en- seignées par les anciens philosophes et contraires aux dogmes de la foi; on rangea même ces philosophes parmi les adversaires de la reli- gion, parce qu'il y avait beaucoup d'analogie entre leurs opinions et celles dont les sectes hétérodoxes de l'islamisme faisaient profession.

El-Ghazzali ' fut le premier qui adopta ce plan dans ses écrits sur la scolastique. L'imam (Fakhr ed-Dîn) Ibn el-Khatîb suivit son exemple, et une foule d'étudiants les prirent pour autorités et pour guides. Les théologiens de l'époque suivante se plongèrent dans !'étude des livres composés par les anciens philosophes et finirent par confondre l'objet de la scolastique avec celui de la philosophie. Ils regardèrent même ces deux sciences comme identiques, à cause de la resseiu/- blance qui existe entre les problèmes de l'une et ceux de l'autre, -i

Sachez maintenant que les théologiens scolastiques, lorsqu'ils vou- laient démontrer l'existence et les attributs du Créateur, citaient P. ht. comme argument l'existence des êtres créés et tout ce qui les con- cerne; ce qui, du reste, était leur manière ordinaire de procéder. Or le corps naturel, considéré sous le même point de vue que les philosophes l'ont regardé dans leurs traités de physique, fait partie de ces êtres. Mais leur manière de l'envisager est directement op- posée à celle des théologiens scolastiques; ils ne voient dans le corps qu'un être capable de mouvement et de repos, tandis que les autres y voient une chose qui indique l'existence d'un agent. C'est de la même manière que les philosophes procèdent dans leurs traités de métaphysique : ils ne regardent qu'à l'existence absolue (des êtres) et à ces (qualités) que l'existence exige par son essence même; les scolastiques, au contraire, ne voient dans l'existence (des êtres) qu'une preuve de l'existence d'un créateur.

' Voy. ci-devant, p. 3a. ■'».•.

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