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ches de la science spéculative et ihéologique. Il faut toutefois avouer que les démonstrations dont l'auteur se sert ne sont pas toujours con- formes aux règles de l'art. Cela eut pour causes l'extrême simpli- cité des connaissances qui existaient chez les (scolastiques) de cette époque, et la circonstance que la logique, art au moyen duquel on contrôle l'exactitude des démonstrations et qui prescrit l'observation des règles syllogistiques, n'avait pas encore paru chez le peuple mu- sulman. Quand même on y aurait introduit quelques principes de cet art, les scolastiques se seraient bien gardés de les adopter : la lo- gique tenait de près aux sciences philosophiques, sciences tellement différentes des doctrines enseignées par la loi révélée, que cela seul aurait suffi pour la faire repousser.

Après le cadi Abou Bekr', qui fut un des grands docteurs de cette école, parut l'imam El-Haremeïn Abou '1-Maah^. Celui-ci dicta P. /il. à ses élèves le contenu d'un ouvrage qu'il avait composé sur la ma- tière et qu'il intitula Charnel (le compréhensif). Ce livre, dans le- quel l'auteur s'étendait très-longuement, fut ensuite abrégé par lui et obtint, sous le titre KUab el-Irchad (livre de la direction), la plus haute autorité chez les Acharites, comme résumé de leurs doctrines.

L'art de la logique, s'étaut ensuite introduit chez les musulmans, devint pour eux un objet d'étude. On l'avait excepté de la réprobation qui s'attachait aux sciences philosophiques, parce qu'on le regardait comme une simple règle, ou pierre de touche, au moyen de laquelle on pouvait éprouver l'exactitude, non-seulement des arguments philo- .sophiqucs, mais aussi de ceux qui s'emploient dans les autres sciences. L'on se mit alors à examiner les principes que les anciens maîtres avaient posés comme bases de la scolaslique, et l'on fut conduit, par des arguments tirés en grande partie des traités rédigés par les anciens philosophes sur la physique et la métaphysique, à repous- ser plusieurs de ces maximes. Tel fut le résultat auquel on arriva en appliquant la logique à la scolastiqne. On rejeta même le principe

' Voy. )a i" partie, p. ia, noie sur Al-Bakillaiii. — ' Voy. la i" partie, p. Sgi.

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