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D'IBN KHALDOUN. 51

fidélité, c'est elle qui forme la distinction' entre le vrai croyant et l'in- fidèle; moins que la croyance ne sert de rien. La croyance est en elle-même une réalité simple, qui ne se compose pas de parties. C'est dans l'état où l'âme s'est mise à la suite d'actes (fréquemment répé- tés) que se trouve la diversité, ainsi que nous l'avons déjà dit et que le lecteur doit le comprendre.

Le législateur a fait la description de ce genre de foi, celle qui est du degré le moins élevé et qui s'appelle croyance, car il désigna par- ticulièrement certaines choses auxquelles il fallait croire de tout son cœur et du fond de son âme, et qu'on était obligé d'affirmer au moyen de la langue. Ces choses sont les dogmes établis de la religion. On l'avait interrogé au sujet de la foi, et il répondit : « Elle consiste à croire en Dieu, en ses anges, en ses livres révélés, en ses apôtres, au dernier jour et à la prédestination tant pour le msfl que pour le bien. » Tels sont les dogmes que les théologiens scolastiques établissent par des preuves. Nous les indiquerons ici d'une manière sommaire afin de faire connaître le véritable caractère de la science scolastique et la manière dont elle a pris son origine.

Sachez que le législateur, en nous ordonnant de croire à ce créa- teur auquel, ainsi que nous l'avons dit, il rapporte toutes les actions (des êtres créés) et qu'il regarde comme en étant la cause unique, et en nous apprenant que la foi serait notre salut à l'heure de la mort, ne nous a pas fait connaître la vraie nature du Créateur ado- rable, parce que de telles notions sont au-dessus de notre intelligence et dépassent notre compréhension. Il se borna ù nous prescrire d'a- bord la croyance que Dieu est trop élevé, par son essence"^, pour être assimile aux êtres créés; car, en supposant cette ressemblance

' Je lis JumlàJI avec le manuscril D cl pourreprésenlerle lenne tenzik', qui signi-

l'édition de Boulac. Le manuscril C porle lie agnoicere ac pro/ileri Deum a paritale,

Jua^àJI. pluralitatc ac qualitalibus hamanis, exemp-

' Liltér. • la croyance à son écartemenl , tum esse. Pococlccrend ce mol par t Amotw

(ou à son isolement) quant à son essence. > eornm quae de Dec non dicuntur. » (Voy.

J'emploierai dorénavant le mot exemption Spécimen Hisl. Ar. p. 270, édition While.)

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