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La foi est de plusieurs degrés, dont le premier est celui où la croyance du cœur (la conviction interne) s’accorde avec la profession faite par la langue. Le degré le plus élevé, c’est l’acquisition d’une certaine manière d’être qui , provenant de la croyance dont le cœur est pénétré et de l’inlluence des œuvres qui sont les conséquences de cette croyance, finit par régner sur le cœur, par agir en maître sur tous les membres du corps, par réduire sous sa domination les diverses actions de l’homme, et par l’empêcher de rien faire sans sa permission. Voilà le degré le plus élevé de la foi; c’est la foi parfaite , celle qui, se trouvant chez le croyant, l’empêche de commettre non-seulement les P. 34. grands péchés, mais les petits. En olfet, cette faculté acquise est alors si fortement établie dans l’âme, qu’elle ne permet pas à l’homme de s’écarter, même pour un seul instant, des sentiers qu’elle lui a tracés. Le Prophète a dit : « Le fornicateur ne commet plus l’acte de forni- cation quand il est devenu vrai croyante » Une tradition nous apprend qu’Héraclius (l’empereur grec), ayant interrogé Abou Sofyan Ihn Harh au sujet du Prophète, lui demanda si jamais un des Compagnons avait renoncé à l’islamisme par dégoût, après l’avoir embrassé^, et quand Abou Sofyan lui eut répondu que non, il fit cette observation : « Tel est l’eEFet de la foi lorsque son influence excitante * a pénétré dans les cœurs. » Il donnait ainsi à entendre que, si la foi est fermement établie dans le cœur, l’âme ne peut guère lui désobéir ; principe qui est vrai de toutes les facultés acquises, pourvu qu’elles soient bien raffermies dans l’âme. Elles lui tiennent lieu de naturel primitif et de disposition innée.

Le degré le plus élevé de la foi correspond * au degré inférieur de

’ Le traducteur turc a rendu de la mème Mohammed ne savait pas toujours bien

raanièrç que moi celte tradition , qui , prise exprimer sa pensée.

à la lettre, signilie : «Le fornicateur ne ’ Le texte des mots «après l’avoir em-

fornique pas quand il fornique, étant vrai lirassé » ne se trouve ni dans les manus-

croyanl. » Comme musulman orthodoxe, crits C et D, ni dans l’édition de Boulac.

DjevdelElendi a raison, mais il faut avouer ’ Pour fciLij, liseï ’U.iLij, avec C, D

que la tradition donne à entendre qu’un et Boulac.

vrai croyant ne pèche pas en forniquant. ’ Pour »*., lisci i_^« 

Prolégomciies. — m. -j

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