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partie de la jurisprudence qui s’est formée à la suite des controverses ’ et offre le résumé de toutes les discussions auxquelles chaque question a donné lieu.

La dialectique (djedl) ’.

La dialectique est la connaissance des convenances que les partisans des divers systèmes de jurisprudence et les autres docteurs observent dans la discussion. L’argumentation , ayant pour but de réfuter (une opinion) ou de la faire accepter, ouvre la porte à des discussions très-étendues, et, comme chacune des parties adverses a toute liberté d’imaginer des réponses et des arguments en faveur de son opinion, arguments parmi lesquels il s’en trouve de bons et de mauvais, les grands maîtres dans cet art se virent dans la nécessité de poser certaines règles de convenance et certaines lois, dans les limites desquelles on doit se renfermer quand on veut réfuter ou soutenir une opinion. Ils ont prescrit la conduite à suivre par celui qui propose un argument et par celui qui y répond; ils ont marqué lés cas dans lesquels il est permis au premier de faire valoir ses arguments ou de céder la parole à son adversaire; les circonstances dans les- quelles on a le droit de l’interrompre ou de le contredire; celles où l’on doit garder le silence et laisser la parole à son adversaire pour qu’il produise ses arguments. C’est pourquoi l’on a dit de cet art que c’était la connaissance des principes qui déterminent les limites et les

��’ Littéral. • De la jurisprudence conlro- versible. •

’ M. de Sacy a publié le texte et la tra- duction de ce chapitre dans son Anthologie grammaticale arabe, p. li’]3 et suiv. En re- produisant ici sa traduction avec quelques modifications, je dois faire observer que le terme djedl est employé par les scolas- tiqucs arabes pour désigner cette brandie de science qu’Aristole appela la iopiqiu;

��el, en effet, c’est à ]a topique que se rapportent les indications offertes par les trois derniers paragraphes de ce chapitre. Il en est autrement du premier paragraphe, dans lequel il s’agit évidemment de la science que les musulmans nomment A(^a6 el-Bahth (convenances à observer dans la discussion). L’auteur me paraît s’être trompé en confondant deux, sciences qu’on regarde comme tout à fait distinctes.