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D'IBN RHALDOUN. * 441

Il y avait en Espagne, du temps d'Ibn el-Khatîb, un natif de Guadix nommé Mohammed Ibn Abd el-Adhîm, qui s'était distingué dans ce même genre de poésie. Ayant pris pour modèle la chanson [zedjel] de Medeghlîs qui commence ainsi : Le jour a paru, cl les étoiles en sont consternées, il composa le morceau suivant :

Amis de la dissipation! la saison de la folie est arrivée, maintenant que le soleil est entré dans le bélier (et que l'année commence). Renouvelez, chaque jour, vos joyeux ébats; ne mettez point d'intervalle entre vos plaisirs. Livrons- . nous aux jouissances près du Xenîl ', sur ce gazon verdoyant. Ne parlons plus ni de Baghdad ni du Nil; les lieux où nous sommes me semblent bien plus charmants. On y voit une plaine^ de plus de quarante milles d'étendue. Que le vent y passe en allant et venant, jamais tu n'y rencontreras la moindre trace de P. 4i i. poussière, pas même autant que (la pincée) d'antimoine dont on se noircit les paupières. Comment ne serait-elle pas ainsi, puisqu'il n'y a pas un en- droit, (gros comme) une feuille de papier, où nous n'envoyions butiner nos abeilles'.^

Le genre de poésie cultivé de nos jours chez les habitants de l'Andalousie est la chanson [zeJjcl] : à tout ce qu'ils composent en vers ils donnent la forme d'une chanson, et dans ces pièces ils em- ploient les quinze mètres reçus; mais le langage dont ils se servent est leur dialecte vulgaire. C'est là ce qu'ils appellent poésie zedjéliennc. En voici un exemple, composé par un de leurs poètes :

Je mettrais des années et des siècles à aimer tes beaux yeux ; mais tu es sans miséricorde", et ton cœur ne se laisse pas attendrir. Je voudrais te faire voir ce que mon cœur est devenu à cause de toi : il est comme un soc de charrue au milieu des forgerons. Les larmes coulent^, le feu est ardent et les marteaux (frappent) de droite et de gauche. Dieu a créé les chrétiens pour (subir nos)

' Xenîl est le nora de la ri\ière qui ^ La traduction turque et rédilion de

oule près de Grenade. Il faut lire J^*-^- Boulac oflrent la leçon jjiyi^j' à la place

' Il faut lire L^-^ U»j , en deux mots. de ifJyi. Les larmes qui coulent peuvent

' (ji'X est une forme vulgaire de ij^j signiiicr, non-seulement celles de l'amant,

^^•; le mot Iclsj s'écrit *Ali^ en bon mais les gouttes d'eau avec lesquelles on

arabe. arrose les braises d'une forge, afin de les

  • Il faut remplacer U.a-i par {JiLi, alté- faire brûler avec plus d'intensité,

ration du mot iiii.

Proli'goniënes. — ni. 56

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