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432 PROLÉGOMÈNES ■

tendis Abou Bekr es-Sabouni réciter au maître [ostad) Abou '1-Hacen ed-Debbadj ' des odes qu'il avait composées, sans que celui-ci lui eût jamais dit : A la bonne heure! Ce ne fut qu'après avoir entendu les vers suivants qu'il prononça cette parole flatteuse :

J'en jure par mon amour pour celle qui me témoigne de l'aversion, que les nuits de l'homme qui est vaincu par l'amour n'ont pas de matinées; il n'est pas donné à tout le monde de se réjouir^ à l'aspect de l'aurore. Je pense, chaque nuit, que le jour ne viendra jamais. O nuits que je passe! vous êtes assurément élernelles; ou bien, on a lié les ailes de l'aigle (céleste) afin f|ue les étoiles du riel ne poursuivent pas leur carrière'. »

Voici une des odes* d'ibn es-Sabouni :

Voyez l'état de celui que l'amour a fait captif et qui se trouve livré au chagrin et à la tristesse. Malheur à lui! celle qui devait le guérir l'a rendu malade. La bienaimée l'a traité avec dédain, puis le sommeil s'est éloigné de lui à l'exemple de cette (cruelle). Le sommeil a fui mes paupières, mais je ne m'en plaindrais pas, s'il ne m'avait empêché de voir en songe la personne que j'aime. Le ren- dez-vous qu'elle m'avait donné par caprice, hélas! quel triste rendez-vous 5! Mais je ne saurais faire des reproches à celle qui ne veut pas se montrer à moi, soit en réalité, soit en songe .

Ibn Khalef el-Djezaïri (natif d'Alger) s'est fait un nom en Mauri- tanie par l'ode (qui commence ainsi) :

��' Abou '1-Hacen Ali Ibn Djaber ed-Deb- badj , natif de Séville , était très-versé dans la philologie de la langue arabe et dans la philosophie. Ses contemporains le regar- daient comme le plus grand philosophe de l'Occident. Son savoir et sa piété étaient si remarquables que le souverain almora- vide Ali, fiLs de Youçof Ibn Tachefîn, l'ap- pela à la cour de IMaroc et l'admit dans son intimité. Il le chargea même de soutenir une controverse théologique contre Mo- hammed Ibn Toumert, le même qui, sous le titre du Mehdi, fonda plus tard l'em-

��pire des Almohades. (Voy. l'Hinioire des Berbers, I. Il, p. 167.)

Pour o-»>, lisez i>.4-^.

' Le poète a probablement supposé que c'était l'aigle (la constelialion ainsi nom- mée) qui, par son vol, tenait en mouve- ment la sphère céleste.

' Le mot (V»-^ doit être supprimé; il ne se trouve pas dans les manuscrits.

' Je lis JL^ J[ *L.j , avec le traducteur turc et l'édition de Boulac.

' Le mot JL^ signifie « ce qui n'est pas réel. •

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