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Marche (avec fierté) en traînant ta robe partout où elle (ta bien-aimée) a traîné la sienne; et ajoute à l’ivresse (que ses charmes t’inspirent)’ l’ivresse (qui provient du vin).

Le prince manifesta par ses gestes le plaisir que cet éloge lui causait. La pièce se terminait par ces vers:

Dieu a préparé un drapeau toujours victorieux pour l’illustre émir Abou Bekr.

Lorsque ce telliùi frappa son oreille, il s’écria : « Oh ! quelle jouissance! >• et déchira ses vêtements (tant il était ravi). «Tu as commencé admirablement, » dit-il, « et tuas fini de même. » Il fit alors un serment des plus solennels, en déclarant qu’Ibn Baddja ne rentrerait chez lui qu’en marchant sur de l’or. Le poëte, craignant que cela n’eût des conséquences graves, imagina un moyen d’éluder le serment et se fit mettre de l’or dans les souliers avant de s’en aller.

Abou ’1-Khattab Ibn Zohr raconte ce qui suit : Dans une réunion qui se tenait chez Abou Bekr Ibn Zohr’^, on causait d’Abou Bekr el- Abiad, l’auteur de l’ode dont nous avons parlé. Un de ceux qui étaient présents ayant dit que ce poëte n’était pas très-fort, Ibn Zohr lui ré- pondit en ces termes : « Comment! vous déprisez l’homme qui a composé ces vers :

Je n’ai jamais eu du plaisir à boire du vin dans une prairie couverte de fleurs, à moins qu’(une beauté), dont la taille flexible se balance quand elle se retire au point du jour, n’eût rempli sa promesse, le soir, et ne m’eût dit, au matin : «Pourquoi le vin a-t-il souflîeté mes joues? que me veut le vent du nord?» Il P. Syi. soulïla, et devant lui se pencha ce tendron si bien proportionné, que j’avais enveloppé dans mon manteau^. (Elle est) un de ces êtres qui tuent les coeurs; elle marche en nous inspirant des soucis. Puissent ses œillades nous rejeter encore

’ Pour U.» Usez *.v» avec les manus- du sultan almohadeYacoub el-Mansour et

crits. mourut l’an 696 (1119 de J. C. ). Je crois

’ Deux membres de la famijle Zohr por- qu’il s’agit du premier dans le récit d’Ibn

taient le surnom d’Abou Bekr : l’un était Klialdoun.

un savant jurisconsulte et mourut à Tala- ’ Il faut lire «•Lsyl sans techdid et j.l

vera l’an A23 (io3i de J. C. ); l’autre , qui en un seul mol. Dans le dixième vers

s’était distingué comme médecin, gram- (p. 394, I. 7, du texte arabe), il faut lire

mairien et poëte, fut attaché au service O^ à la place de (jtVgc.