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serve, et leurs mowaschehas ont fini par tomber dans l'oubli. Le pre- mier qui se distingua réellement dans cette partie se montra plus tard; il se nommait Eïbada tel-Cazzâz, et était le poëte en titre d'El-Motacem Ibn Somadih , souverain d'Alméria ^ L'illustre savant Ei-Batalyauci - raconte qu'il avait entendu Abou Bekr Ibn Zolieïr prononcer ces paroles : « Tous les compositeurs d'odes ne sont que de petits garçons auprès d'Eïbada tel-Cazzaz; » observation qu'il avait faite en rencpnlrant par hasard une pièce dans laquelle celui-ci s'ex- primait ainsi (en décrivant les charmes de sa bien-aimée) :

Une pleine lune, un soleil du matin, une tige (qui pousse) dans les sables, douce à sentir comme le musc : comme elle est parfaite! comme elle brille! comme elle est florissante! comme elle répand des parfums! Assurément celui qui (la) regarde en deviendra amoureux et ne l'obtiendra pas^.

Eïbada florissait dans les temps où chaque province de l'Espagne était régie par un souverain indépendant. On assure qu'aucun de ses conteinporains ne l'a dépassé dans la composition d'odes. Après lui vint en seconde ligne (Abou Bekr Mohammed) Ibn Arfâ Raçou, poëte en titre d'El-Mamoun Ibn Dhi'n-Noun, souverain de Tolède. On a beaucoup admiré la belle manière dont il tourna le commencement de l'ode [mowascheha] qui fit sa réputation. Voici le passage :

Le luth a retenti de sons admirables, les ruisseaux ont arrosé les pelouses des jardins.

On admire aussi la fin de cette pièce, où il dit (à la bien-aimée) :

��' El-Motacen Ibn Somadih monta sur ,1e trône l'an io5i de J. C. [kk^-litik de l'hégire ).

' Abd Allah Ibn es-Cîd, surnommé el- Aalem el-Balalyauci [le savant de Badajoz) , se distingua surtout comme grammairien et philologue. Cet auteur mourut à Va- lence, l'an 521 (1127 de J. C), laissant

��plusieurs ouvrages tant en prose qu'en vers.

' Je transcris ici le texte arabe de cette pièce, afin de meltre en évidence la versi- fication que le poëte avait adoptée ;

Bedrotemm, cliomsdoha, gliosnneca, miskochcmm: Ma atemm, mu aoudelia, ma aoureca, ma ansem; La djercui . men lameba. cad aclieca, cad liorem.

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