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D'IBN KHALDOUN. 415

pour boisson le lait pur des chamelles enlevées à l'enncini, et pour nourriture la chair des daims. Pour les proléger, elles n'ont pas besoin de portes ni de com- bats dont la mêlée fait blanchir d'effroi les cheveux des guerriers. Que Dieu arrose de ses pluies ce vallon si bien boisé'! qu'il y fasse tomber averse sur averse, ot qu'il rende la vie aux ossements^ décharnés que ce sol (recouvre) ! Pour récompenser ces lieux ( du bonheur qu'ils m'ont procuré) , je leur offre mon amour. Oh ! que je voudrais retrouver les jours que j'ai passés entre ces collines de sable , ainsi que les nuits où je portais sur les bras l'arc de la jeunesse et où aucune flèche ne manquait le but quand je me tenais debout (pour la lancer). Dans le temps de ma jeunesse, mon cheval était toujours prêt, la selle sur le dos; il s'élan- çait vivement en avant^ pendant que sa bride était dans ma main*. Combien de belles dont les charmes m'ont empêché de dormir, et qui, en souriant, mon- P. 371. traient des dents bien rangées et d'un éclat dont je n'ai pas vu le pareil dans le monde. Combien de filles aux seins arrondis , à la taille flexible ^, aux paupières bordées de noir, aux bras ornés de tatouages! Dans ma passion pour elles, je frappai de ma main sur (mon cœur) abattu, et leurs champs humides n'ont pas oublié les pluies (de larmes) dont je les arrosai'. (lis n'ont pas oublié) le feu ardent que le bois de l'amour entretenait dans mon sein, et dont l'eau (de mes larmes) ne pouvait éteindre la flamme. O toi qui m'as fait la promesse (d'accueillir mon amour), jusqu'à quand'* ma vie doit-elle se passer dans une demeure (la prison) où l'obscurité fait de moi un aveugle? Cependant j'ai vu le soleil s'éclipser pour une courte période et tomber en défaillance; mais en- suite les nuages qui le couvraient se dissipaient". Puisse le bonheur approcher de nous, pennons et bannières déployés ! puissent les drapeaux avancer en flottant au gré du vent, et soutenus par l'aide de Dieu! Ne vois-je pas s'élever devant mes yeux l'aspect de mes guerriers qui vont se mettre en route? (Je me vois avec eux) la lance sur l'épaule, et je marche à la tête de la colonne! (Ils sont là) dans la plaine'" de Ghîath el-Ferc, au-dessus de Chames, pays qui, de toutes les contrées que Dieu a créées, renferme les collines que j'aime le plus. P. 872. (Ils se dirigent) vers ,1e lieu de halte, à El-Djâferiya, près du bord de la région

' L'édition de IJoulac et la traduction le dialecte vulgaire, le pronom possessif

turque porteutyssil, leçon quej'ai adoptée. delà première personne.

  • .le lis U..«U». " Cet hémistiche doit se lire ainsi : LjI

■' Je lis (^s.9 et iiL.-». vjvi^ jî 'à^ cSc-JI ij^\ ^.

  • Lisez ijc^ et prononcez bîdl. ' J'adopte la leçon lyj.

^ Pour jLw^^.0, lisez ïLâ-.^.»- '" 11 faut lire '^y^ , forme vulgaire de

' Pour ^^^ , lisez ^■Ç. '*^>='; au reste, rhéniistiche doit se lire

'La syllabe L) du mot blj^^est, dans ainsi : ^Li j^ ^^^ U^^ O^vc is-yf.

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