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D'IBN KHALDOUN.

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��aux tournures reçues dans la poésie et aux divers genres de poèmes, tout cela se retrouve dans les productions de ces Arabes : rien n'y manque, excepté les voyelles qui marquent les cas et qui devraient se trouver à la fin des mots. En effet, la plupart des mots se terminent par une pause '; mais les indications fournies par les accessoires de la phrase suffisent, chez ces Arabes, pour faire distinguer l'agent du patient et le sujet de l'attribut, sans qu'on ait besoin de recourir à l'emploi de voyelles désinentielles.

Voici un de leurs poëmes : il est censé avoir été prononcé par le cherîf Ibn Hachem, et exprime la douleur que le cherîf éprouve en se voyant séparé d'El-Djazia, fille de Serhan^.

��' C'est-à-dire : la consonne finale du mol ne prend pas de ces voyelles qui ser- vent à indiqiierdes rapports grammaticaux.

'" On sait qu'au milieu du v" siècle de l'hégire El-Mostancer, le khalife fatémide qui régnait au Caire, envoya plusieurs tribus arabes contre EI-Moezz Ibn Badîs, son lieutenant en Ifrikiya, lequel s'était mis en révolte contre lui. Ces Arabes comptaient alors parmi leurs chefs Hacen Ibn Serhan, Bedr Ibn Serhan, Fadl Ibn Nahed, Madi Ibn Mocreb, Dîab Ibn Gha- nem, Tholeïdjen Ibn Abès, Zeid el-Ad- djadj Ibn Fadel, etc. Les poëmes que notre auteur va donner font mention de quel- ques-uns de ces chefs. Pour les délails de cette invasion , voyez VHisioire des Berbers, t. I, p. 28 et suiv. Voici ce que notre au- teur y dit (p. 4i) au sujet du cherîf Ibn Hachem et de ces poëmes : « On conserve chez les Arabes hilaliens des récits fort cu- rieux relativement à leur entrée en Ifrîkiya. Ainsi ils prétendent que le cherîf Ibn Ha- chem, prince du Hidjaz, et appelé, selon eux, Chokr Ibn Abi '1-Fotouh, contracta une alliance avec leur chef, Hacen Ibn Serhan , dont il épousa la sœur, El-Djazia,

��et que de ce mariage naquit un &ls appelé Mohammed. »

« Des querelles et des dissensions s' étant ensuite élevées entre le cherîf et les mem- bres de la tribu , ceux-ci prirent la résolu- tion de passer en Afrique; mais, d'abord, ils usèrent derusealinde pouvoir emmener la femme du cherîf D'après leurs conseils, elle demanda à son mari la permission d'aller visiter ses parents. Il y donna son consentement et l'accompagna jusqu'au lieu où la tribu était campée. On partit alors, emmenant le cherîf et son épouse, avec l'intention apparente de le conduire à un endroit où l'on se livrerait, le lende- main, au plaisir de la chasse, et de re- venir au lieu du campement aussitôt que les tentes y seraient dressées de nouveau. Tant qu'ils se trouvaient sur le territoire du cherîf, ils lui cachaient leur véritable projet; mais, lorsqu'ils eurent atteint les terres situées hors de la juridiction de ce chef, ils le renvoyèrent à la Mecque, le cœur rempli de douleur en se vovant en- lever la personne qu'il aimait tant. Sa femme continua à ressentir pour lui un amour égal à celui qui le tourmentait, et

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