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D'IBN KHALDOUN.

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��rie de l'art musical. Ils désignent les poèmes qui se chantent par le terme kaaraniens, mot dérivé de Hauran, qui est le nom d'une pro- vince située sur les frontières de l'Irac et de la Syrie, et dans laquelle les Arabes nomades ont continué à camper et à stationner jusqu'à ce jour. Il y a encore chez ces Arabes un genre de poëme qui est li-ès- usilé et qui se coiupose de stances renfermant chacune quatre vers ^ dont le dernier diffère par la rime ^ des trois autres. La même rime se reproduit à la lin de chaque quatrième vers de la cacida (poëme). Ce genre de poëme ressemble aux morabbâ et aux mokhammès ^ dont on doit l'invention à des poëtes musulmans qui vécurent à une époque assez moderne. Dans les pièces dont nous parlons, les Arabes expri- maient leurs idées avec une netteté parfaite, et ont possédé depuis* des (poëtes) d'un grand talent.

Les savants des derniers siècles et la plupart de ceux qui, de nos jours, cultivent les sciences, et surtout celles qui se rattachent à la langue, méprisent le genre de poésie que ces Arabes ont adopté, et, quand on leur récite de ces pièces, ils les écoutent avec un dédain profond. Ils s'imaginent qu'elles offensent le bon goût, parce qu'elles p. 36î.

��duclion turque. Le mol haaraniyu signi- fie haiiranien (composé par les ArAbes de la province de Hauran en Syrie) ; par lu terme caisiyu, on désignait les poèmes composés par les Arabes de la tribu de Caïs, et ceux-ci se lenaienl ordinairement dans le tiauraii.

' Littéral. « formant quatre brandies. »

" Pour *r>.j), lisez *J))-

' Dans les morabbâ, ou quatrains, on ajoutait à chaque bémisliclie d'un ancien poëme trois hémistiches nouveaux, afin d'en développer la pensée ou de la modi- fier. Lo mokhammès, ou quintain, ressem- blait au morabbâ, mais se couiposaitdecinq hémistiches.

  • Les manuscrits portent (j.wiuilj

avec la conjonction.

��' J'avoue que je partage l'opinion de.s savants musulmans au sujet de ces poèmes. On verra , par les échantillons que l'auteur va nous en donner et dont il a ramassé une grande partie chezles Arabes bédouins de l'Afrique septentrionale , que le style est Irès-incorrect et souvent très-obscur, que les règles de la grammaire et de la prosodie n'y sont pas respectées, et que le langage dans lequel ils sont écrits dif- fère beaucoup de l'ancien arabe et même de l'arabe vulgaire, tel qu'on le parle de nos jours. Les morceaux africains appar- tiennent au dialecte d'une tribu qui avait longtemps habité la province de Bahreîn en Arabie, et qui s'était toujours fait re- marquer par la rudesse de ses mœurs et l'incorrection de son langage. Ces pièces

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