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��PROLÉGOMÈNES

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��dans la carrière de la poésie. Bien au contraire, les peuples qui ont un idiome particulier, les Arabes barbarisanls \ par exemple, et les habitants des villes, composent encore des vers, en y faisant de leur mieux, et construisent l'édifice de leurs poëmes conformément au wénie du dialecte dont ils se servent. La race arabe qui nous est con- lemporaine, et dont le langage s'est beaucoup écarlé de celui des Mo- dérites , leurs prédécesseurs, parsuite de son mélange avec des éléments étrangers, ces Arabes composent encore aujourd'hui des vers sur tous les sujets que leurs prédécesseurs, les Arabes arabisés, avaient traités. Ils produisent des morceaux très-étendus , dans lesquels on reconnaît la marche et les pensées de l'ancienne poésie : on y retrouve la mention de la bien-aimée , l'éloge , l'élégie et la satire. On y voit aussi qu'ils savent ménager les transitions afin de passer d'un sujet à un autre , et qu'il leur arrive quelquefois d'entrer tout d'abord dans la matière dont ils veulent parler. Chacun de ces poëmes commence ordinaire- ment par indiquer le nom de celui qui l'avait composé; l'auteur passe ensuite à l'éloge de sa maîtresse. Les Arabes du Maghreb donnent auxcacidas (ou poëmes) de ce genre le nom d'asmaïennes, en souve- nir d'El-Asmaï, le grand rapporteur des anciennes poésies arabes. Les Arabes de l'Orient les désignent par le terme bédawiya (bédouins), [ ou hauraniya ou caïsiya ] '^. On les chante quelquefois , après y avoir adapté des airs très-simples , mais nullement conformes à la théo-

��' L'auleur, en suivanl une théorie pré- conçue , partage le peuple arabe en quatre grandes races. La première, qu'il désigne par le nom d'Arabes arabisants (c'est-n-dire les Arabes de race pure), se composait d'Amalékiles, d'Adites, de Tamoudites et d'autres (ribus descendues d'Arem et de Lud.fils de Cham. Celle race s'éteignit à une époque très-reculée. La seconde race, appelée Arabes arabisés , descendait de Hi- myer, fils de Saba. La troisième se com- posait des Arabes successeurs des Arabes, c'est-à-dire des descendants de Codaa, de

��Cahlan et d'Ismaïl. Ce furent eux qui fon- dèrent l'empire musulman. Les Arabes de la quatrième race , ayant laissé leur langue s'altérer par la suppression dune grande partie des inilexions grammaticales et par l'introduction d'éléments étrangers ou bar- barismes, sont désignés dans cet ouvrage par le nom d'Arabes barbarisanls. Ce sont eux qui, de nos jours, habitent l'Arabie, la Syrie, l'Egypte et l'Afrique septentrio- nale.

' Le passage rais entre crochets ne se trouve que dans le manuscrit A et la tra-

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