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26 PROLÉGOMÈNES

lion, à la spéculation, ni aux déductions fondées sur des analogies. Celte instruction de vive voix cessa avec la vie du Prophète, et, dès lors, la connaissance des prescriptions coraniques ne se conserva que par la tradition.

Passons à la Sonna. Les Compagnons s'accordèrent tous à recon- naître que celait pour le peuple musulman un devoir de se confor- mer aux prescriptions renfermées dans la Sonna et fondées sur les pa- roles ou les actes du Prophète, pourvu que ces indications fussent parvenues par une tradition assez sûre pour donner la conviction de leur authenticité. Voilà pourquoi on regarde le Coran et la Sonna comme les sources où il faut puiser les indications qui conduisent à la solution des questions de droit*. Plus tard, l'accord général (des premiers musulmans sur certains points de droit) prit place (comme autorité) à côté de ces deux (sources de doctrine; cet accord existait) parce que les Compagnons se montraient unanimes à repousser les opinions de tout individu qui n'était pas de leur avis. Cette unanimité a dû s'appuyer sur une base solide, car l'accoi-d d'hommes tels qu'eux était certainement fondé sur de bonnes raisons; d'ailleurs nous avons assez de preuves pour constater que le sentiment de la communauté (musulmane) ne saurait s'égarer. L'accord général fut donc reconnu comme preuve authentique dans les questions qui se rattachent à la loi. Pi 8. Si nous examinons les procédés par lesquels les Compagnons et les anciens musulmans opéraient sur le Coran et la Sonna pour en déduire (des maximes de droit), nous verrons que, tout en établis- sant des rapprochements entre les cas analogues et en comparant chaque cas douteux avec d'autres qui lui ressemblaient, ils sacrifiaient leurs opinions personnelles à la nécessité d'être unanimes. Expli- quons-nous. Après k mort du Prophète, beaucoup de cas se pré- sentèrent dont la solution ne se trouvait pas dans les textes authen- tiques (le Coran et la Sonna); les Compagnons se mirent alors à juger

' Littéral. « l'indication delà loi(c'e8t-à- dans le livre de \a Sonna, sous ce point de dire ce qui est indiqué par la loijsc trouve vue. >

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