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D'IBN KHALDOUN. 403

avec éloge. Les Himyarites eurent aussi des poëtes de premier ordre '. Lorsque la langue du peuple modérite se fut corrompue, et que leur idiome, dont les règles philologiques et grammaticales ont été con- signées dans des recueils, se fut altéré, les Arabes qui vinrent en- suite se servirent de dialectes qui différaient les uns des autres, selon le mélange plus ou moins fort d'éléments étrangers qui s'y étaient i'. 36o. introduits. Ces Arabes employèrent alors une langue qui différait de celle de leurs prédécesseurs, les Modérites, et qui s'en distinguait par les désinences grammaticales, par les significations assignées à un grand nombre de termes et par les formes des mots. Il en fut de même des Arabes qui adoptèrent la vie sédentaire et qui se fixèrent dans les villes; il se forma chez eux un autre dialecte qui différait de la langue de Moder par la syntaxe des désinences, par les significa- tions de beaucoup de mots et par les inflexions grammaticales. Il dif- férait aussi de la langue usitée chez la race arabe (nomade), celle qui existe encore de nos jours. Chacun de ces idiomes offrait encore des différences qui provenaient des usages conventionnels de chaque localité. Le dialecte employé en Orient par les habitants (de la cam- pagne) et par ceux des villes n'est pas le même que celui dont on se sert dans les contrées et dans les villes de l'Occident; il diffère aussi de celui qui se parle chez les habitants de l'Espagne.

Mais la poésie existe, par la nature même des choses, chez les peuples de toute langue, car l'usage de couper les phrases d'après le nombre de lettres mues et quiescentes^ et d'après la correspondance (mutuelle despieds dansles vers), estinné chez tous les peuples. Il ne faut pas croire que l'art poétique n'a pu exister que dans une seule langue, je veux dire dans celle des Modérites, peuple qui, comme chacun le sait, avait produit les cavaliers les plus distingués et les plus brillants

fait l'éloge d'Homère; mais on sait que les excepté un très-petit nombre de mots. Ce

Arabes rattachèrent ce traité à celui de la peuple a pu avoir des poëtes, mais les

Logique. Arabes ne connurent presque rien, ni de

' Il est évident que notre auteur parle leur histoire, ni de leurs poèmes.

ici des anciens Himyarites; mais, à son ' C'est-à-dire les syllabes longues et

époque, rien ne restait de leur langue brèves.

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