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D'IBN KHALDOUN. 401

le (poëte) fut un homme influent, soit par la puissance de sa tribu ou de son parti, soit par le rang qu'on tenait parmi les descendants de Moder. C'est au moins ce qu'il a rapporté en expliquant pourquoi on donna à ces poèmes le nom de Moallacas (suspendus).

Plus tard, dans les premiers temps de l'islamisme, les Arabes né- P. 358. gligèrent la poésie pour s'occuper de la religion, de la mission du Prophète et de !a révélation divine. Ils eurent l'esprit tellement frappé du style et de la composition du Coran qu'ils restèrent muets et gar- dèrent le silence, sans essayer de rien produire, soit en prose, soit en vers. Cela continua jusqu'à ce qu'ils se fussent familiarisés avec les principes de bonne direction fournis par la religion, et puis, comme aucune révélation n'était venue pour défendre la poésie et pour la proscrire, et comme le Prophète écoutait volontiers les vers qu'on venait lui réciter et qu'il récompensait ceux qui les avaient com- posés, les Arabes revinrent à leur ancienne habitude '. Omar Ibn Abi Rebîa, qui, à celte époque, était le plus grand (poëte) d'entre les Co- reichides, se distingua en plusieurs occasions par son talent poétique; • il tenait un rang élevé (parmi les poètes) et récitait très-souvent ses vers à Ibn Abbas , qui s'arrêtait toujours pour les entendre et qui les écoutait avec plaisir. Quand les musulmans eurent ensuite fondé un vaste empire et une puissante dynastie, les Arabes cherchèrent dans la poésie le moyen de s'attirer la faveur de la famille régnante : ils cliantaient les louanges des khalifes et recevaient d'eux des ré- compenses très-considérables, mais toujours proportionnées au mé- rite de ces compositions et au rang que les auteurs tenaient dans leurs tribus. Ces princes recevaient avec un grand empressement les poèmes qu'on venait leur offrir, parce qu'ils y trouvaient les souvenirs des anciens temps, l'histoire des Arabes, leurs idiomes et leur lan- gage le plus noble. Aussi les Arabes obligèrent- ils leurs enfants à apprendre ces poèmes par cœur.

Cet état de choses se maintint pendant toute la durée de la dynas-

' Les manuscrits C et D, ainsi que l'é- place de ^^;o.i. Les deux mots ont le dilion deBoulac, portent -»^i>j3 à la même sens

Proli5gomciies. — m. 5i

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