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techniques qui variaient (selon les écoles). Beaucoup de savants re- gardent la science des ornements comme une branche de la réalisation, bien qu'elle n'ait aucune part dans la communication de la pensée et qu'elle serve uniquement à orner et à embeUir. Ceux d'entre les anciens qui la cultivaient pensaient qu'elle ne rentrait pas dans la science de la réalisation, et la mettaient au nombre de ces bi'anches de littérature qui (ne forment pas de sciences, parce qu'elles) n'ont pas d'objet^; telle est l'opinion d'ibn Rechîk dans son Omda et celle des littérateurs espagnols.

Une des conditions qu'on a mises- à l'emploi de cet art est que les prnements se présentent (dans la pièce tout naturellement), sans qu'on se soit donné la peine de les chercher et sans qu'on se soit préoccupé de l'effet qu'ils doivent produire. S'ils s'offrent spontanément, il n'y a rien à dire, car, n'étant pas amenés à dessein, ils épargnent au discours le défaut de tomber dans le barbarisme; mais, lorsqu'on s'im- pose la tâche de rechercher péniblement ces ornements, on est réduit à négliger les principes qui règlent les combinaisons des mots qui •sont le fond du discours; cela porte atteinte aux bases mêmes de la clarté d'expression et fait disparaître la netteté et la précision qui doivent caractériser le discours; rien ne reste alors, excepté les ornements. Voilà cependant le style qui prédomine de nos jours; mais les rhétoriciens qui ont du goût se moquent des personnes qui recherchent ce genre (d'embellissements) et les regardent comme incapables de faire autre chose. J'ai entendu dire à un de nos cheikhs, ïostâd (maître) Abou'l-Berekat el-Belfîki ^, qui était l'homme le plus distingué de l'époque par sa connaissance profonde de la langue et par un génie fait pour la goûter : « Ce que je pourrais désirer* de P. 356. plus agréable serait de voir prendre, quelque jour, ceux qui culti- vent les diverses branches de la science des ornements, soit en prose, soit en vers, et d'être présent pendant qu'on leur infligerait un châ- timent des plus sévères et qu'un crieur public annoncerait leurs

' Voyezla i" partie, p. 88. ' Voyez la 2° partie, p. 475.

'" Je lis l^^^^j à la place de L£=>J^.. ' .Je crois qu'il faut lire ■va.yJu.

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