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394 PROLÉGOMÈNES

Toute combinaison de nriots qui ne suffit pas pour représenter ce que le cas exige, parce qu'elle aura violé une règle de la gram- maire ou de la science des pensées, ne répond pas à ces exigences et mérite d'être reléguée au nombre des expressions vagues qui comptent parmi les cboses mortes (et inutiles). Quand on est parvenu à faire comprendre tout ce que le cas exige, l'esprit se met à passer d'une pensée (ou proposition) à une autre, selon les divers genres d'indi- cations que chacune d'elles peut fournir. En effet, comme chaque combinaison (de mots) sert, par institution, à désigner une certaine pensée, l'esprit se transporte de cette pensée (ou de cette proposi- tion) à une autre qui en est la conséquence obUgée, ou bien à celle qui en est la cause nécessitante \ ou bien encore à Une (proposition) qui ressemble à la première -. (Une de ces propositions) est alors un trope^, qui se présente sous la forme d'une métaphore ou d'une mé- tonymie, ainsi que cela se trouve indiqué ailleurs. Ce transport de l'esprit procure à la faculté réflexive un plaisir pareil à celui qu'elle aurait éprouvé en comprenant (la pensée exprimée par la phrase), ou même un plaisir plus fort, parce que, dans les deux cas, il a réassik saisir la pensée indiquée en s'aidant de (la phrase qui en est) l'indicateur; et l'on sait que la réussite est une des causes du plaisir. Les diverses manières d'après lesquelles l'esprit se transporte d'une pensée à une autre sont soumises à certaines conditions et principes qui forment, pour ainsi dire, un corps de règles. De là naquit un art auquel on a donné le nom d'exposition. Cet art est le frère de celui qu'on appelle la science des pensées et qui sert à rendre com- préhensibles les exigences du cas; en effet, il s'occupe des idées qui sont exprimées par des combinaisons (de mots) et de ce que ces (combinaisons) peuvent indiquer, pendant que, dans la science des pensées, on s'occupe des circonstances mêmes qui caractérisent chaque combinaison , et on les examine sous le point de vue de ce qu'elles indiquent. Or la parole et la pensée sont, comme vous le

' Voyez ci-devant, p. i46. ' Je 11531^, au nominatif.

' Je lis *-A.A*«i, avec le traducteur lurc.

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