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��PROLEGOMENES

��illégitime, bien que les mots dont elle se compose soient conformes au mètre. Quand tu déchires un homme dans une pièce satirique, tu éviteras la voie de ceux qui disent des grossièretés ; ce que tu y énonceras ouvertement sera (comme) le remède, el l'allusion indirecte sera (comme) le mal caché. Si tu déplores l'absence (d'amis) qui, un jour, au matin, s'étaient éloignés pour se rendre P. iii. ailleurs, tu réprimeras ton chagrin et tu retiendras les larmes dont tes yeux sont remplis'. Si tu fais des reproches, tu mêleras des promesses- à des menaces, la douceur à la dureté, de sorte que la personne blâmée reste suspendue entre la crainte et la confiance 3, entre l'honneur et l'opprobre. Le poëme le moins dé- fectueux est celui qui surpasse (les autres) par sa (bonne) ordonnance ", pourvu qu'il offre un sens clair et évident. Aussi, quand on le récite, tous les hommes voudraient (l'apprendre par cœur), et, quand on essaye de l'imiter, la tentative met en défaut les talents médiocres.

Voici un autre morceau sur le même sujet el dont l'auteur est le poëte En-Nachi * :

La poésie " est la chose dont vous régularisez la mesure et dont vous retouchez le texte afin d'en resserrer les liens; (c'est elle) dont vous voyez la parure se déranger quand votre style est prolixe, et dont vous augmentez les charmes au moyen de la concision . Dans elle vous unissez les pensées simples aux pensées P. 343. profondes, l'eau dormante à celle qui coule**. Quand vous y louez un homme généreux et digne, et que vous lui payez ainsi la dette de la reconnaissance, vous employez ce que la poésie offre de plus recherché et de plus complet; vous lui consacrez ce qu'elle possède de digne et de précieux. Votre poëme, étant bien

��' Ce vers est mal coupé.

' Encore un vers mal coupé.

' Pour Ul., lisez II.!.

' La dernière syllabe du mot ^Jixll fait partie de l'hémistiche suivant.

' Il y avait deux poètes qui portaient le surnom d'En-Nachi: l'un, nommé A bd Allah, mourut au Caire l'an agi (go.'i-goB de J. C); l'autre, nommé Ali, mourut à Baghdad en 365 (976 de.l. C.)

" .Cette pièce de ver.s est du mètre ap- pelé kamel. Elle est remplie de métaphores qui, traduites à la lettre, n'offriraient au- cun sens.

��' Littéral.» dont vous voyez, dans la pro- lixité, les boucles de cheveux s'embrouiller, et dont vous ouvrez, au moyen de la con- cision, les yeux qui louchent. »

  • Le vers qui suit ici manque dans les

manuscrits C et D, dans l'édition deBoulac et dans la traduction turque. Il se trouve dans le manuscrit A, mais le copiste, ne comprenant pas la signification du troi- sième mot, l'a écrit d'une manière illisible. N'ayant pas le moyen de trouver la bonne leçon , je n'essaye pas d'indiquer le sens du vers.

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