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DIBN KHALDOUN. 381

veut obtenir des notions plus détaillées doit consulter ce livre, car

il y trouvera tout ce qu'il peut désirer; mais ce que j'offre ici au i*. Ho.

lecteur pourra lui suflire. Dieu est celui qui aide.

On a composé en vers plusieurs traités sur l'art de la poésie et sur ce qui est nécessaire (à celui qui veut l'apprendre). J'en donne ici un des meilleurs ', dont l'auteur, à ce que je crois, est Ibn Rechik :

Fuisse Dieu maudire l'art de la poésie! Que de sots de toute espèce y avons- nous rencontn'-s! Dans la poésie, ils préfèrent ce qui est extraordinaire à ce qui serait facile et clair pour les auditeurs. Ils prennent l'absurde pour dn vrai et les expressions ignobles pour des choses précieuses. Ils ignorent le véritable caractère de la poésie, et ne se doutent pas-', à cause de leur ignorance, qu'ils n'y en- tendent rien. D'autres que nous les regardent comme dignes de blàn)e; mais, à la vérité, ils nous paraissent excusables. La poésie consiste en parties ayant un rapport mutuel dans l'ordonnance (qu'on leur donne], bien que, par des qualités (diverses), elle se partage en plusieurs espèces. Chaque partie oITre une ressemblance avec les autres, et la mesure des vers sert à bien affermir le texte'. La poésie sait exprimer toutes les pensées que lu voudras énoncer, qu'il s'agisse soit de choses qui n'ont jamais existé, soit* de choses qui existent. Dans l'expression (des idées) elle va si loin, que sa beauté frappe presque tous les i' 3ii. regards^. Les paroles, dans la poésie, sont, pour ainsi dire, les traits du visage, et les idées qui se trouvent enchâssées (dans ces paroles) représentent les yeux. (La poésie,) obéissant à la volonté (du poète) et se conformant à (tous ses) désirs, fournit des vers dont la beauté sert de parure à ceux qui les récitent. S'agit-il de louer en vers un homme de noble race, tout en suivant la marche de ceux qui s'étendent sur ce sujet, tu parleras (d'abord) de la bien-aimée en termes simples et faciles à comprendre, et tu feras (du patron) un éloge qui sera aussi vrai que clair; tu éviteras toute expression qui sonne à l'oreille comme

' Pour ,^^-^1^1., lisez ij—:»'! ^^J■ Les les 'les.» On sait que le premier pied du

luanuscrils C et D et l'édition de Boulac premier hémistiche s'appelle le sadr • poi-

olTrent la bonne leçon. Iriiie» et que le mot meln signifie éga-

' Les hémisliches de ce vers et des deux lenient « texte » f>t • dos. » vers suivants sont mal coupes dans l'édi- * Il faut lire jl à la place de yl.

tion de Paris, comme on le reconnaît t'a- ' Littéral. ■ peu s'en faut qu'en fait de

cilement en les .scandant. La pièce est du beauléellenesenianifesleauxspectatenrs.» mètre appelé khajif. " Les hémistiches de ce vers aussi sont

■^ Littéral. • et les poitrines redressent mal coupés.

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