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DIBN KHALDOUN. 379

quera alors, excepté la nuance qui doit le rattacher aux autres (vers du même poëme), et c'est au poëte de choisir la nuance comme ' il l'entendra. Alors, quand il aura ternïiné sa pièce, il s'occupera à la revoir et à la corriger; puis, s'il n'a pas atteint le degré de per- fection (auquel il vise), il n'hésitera pas à la mettre de côté. Mais le poëte est toujours infatué de ses propres vers, parce qu'ils sont les produits de son imagination, l'ouvrage de son esprit. Il doit em- ployer dans son poëme une phraséologie parfaitement correcte et n'offrant aucune des (licences de construction qu'on appelle les) exi- gences du langage. Il évitera ces expressions (irrégulières), parce qu'elles ravalent le discours au-de.ssous du rang qu'il doit tenir comme l'expression exacte de la pensée. Les grands maîtres dans cet art dé- fendent au poëte musulman [mowelled) '^ l'emploi de ces licences, parce qu'on peut facilement s'en passer en rentrant dans la honne voie, celle qu'on doit suivre dans (l'exercice de) la faculté (poétique). Il évi- tera avec un soin extrême l'emploi de phrases embrouillées; on ne doit rechercher que celles dont les pensées se présentent à l'esprit aussi promptement que les paroles. 11 ne faut pas faire entrer trop de pensées dans un seul vers, car c'est là encore un embarras pour l'esprit. Les phrases à préférer sont celles dont les mots correspon- dent aux idées (qu'on veut exprimer) et qui les représentent de la manière la plus claire. Un vers qui renferme trop de pensées est le lement surchargé, que l'esprit doit se livrer à un véritable travail avant de pouvoir en approfondir la signification; d'ailleurs, le goût qui fait aimer la netteté de l'expression ^ aurait de la répugnance à en rechercher le sens. La poésie n'est facile que quand les idées se présentent à l'esprit simultanément avec les paroles. C'est là* le sujet de» reproche que nos professeurs faisaient aux vers d'Ibn

' Pour U , lisez LT, avec les manuscrits le mokhdurem , celui de la seconde classe . C et D el l'édilion de Boulac. vivait et avant et après l'islamisme ; le mo-

  • Les criliques arabes rangeaient les welled vivait sous l'islamisme,

poètes en trois classes : le djaheli, poète de ' LiUéral. • le goût de la réalisation. •

la première classe, vivait avant l'islamisme; ' Pour Itvgjj, lisez ItxgJj.

48.

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