Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/393

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 377

ou bien Abou Feras K La plupart des morceaux cités dans le Kitah el-A()hani sont de ce caractère ^, car nous trouvons dans ce recueil un choix de vers composés par des poètes de la catégorie musulmane et par d'autres de la catégorie antéislamite. Celui qui n'a pas la mé- moire bien garnie de morceaux de poésie ne saurait composer que des vers faibles et assez mauvais. Pour leur donner de l'éclat et de la dou- ceur, il faut en savoir par cœur une grande quantité. La personne qui n'en a rien appris ou qui en a appris très-peu est incapable de faire de la poésie, et tout ce qu'il pourrait en produire ne serait bon qu'à mettre au rebut. Quand on n'a pas la mémoire bien remplie de vers, on ne saurait mieux faire que de renoncer à la poésie.

Lorsqu'on a la mémoire ornée de morceaux de poésie, et que l'esprit a acquis assez d'activité poiu- pouvoir former des vers sur le modèle (dont il a conçu l'idée), on peut commencer à en faire, et, si on y travaille beaucoup, on parviendra à se créer une faculté (de composition) qui s'affermira (graduellement dans l'âme). On a dit i'. 337. qu'une des conditions à remplir (quand on veut acquérir cette fa- culté) est d'oublier tout ce qu'on a appris par cœur, afin que les traces laissées dans l'esprit par les lettres du texte écrit ' en aient dis- paru*; caries (termes dans lesquels les pensées ont été déjà exprimées) ne se laissent pas employer encore tels qu'ils sont. Aussi , dit-on, lors- qu'on les a oubliées et que l'esprit s'en est approprié (les idées), les tournures (données à ces morceaux) y restent gravées et forment une espèce de métier sur lequel on est mené forcément à tisser des vers analogues, mais en y employant d'autres mots.

Celui (qui veut faire des vers) doit vivre dans une retraite absolue et choisir \\n lieu arrosé d'eaux (courantes) et orné de fleurs, pour

��' Abou Feras el-Harilh , cou.sin du ce ' Je lis tyki=>\ , avec les manuscrits C et

lèbreSeif ed-Doula, prince d'Alep, fut tué D et lédilioii de Boulac. dan» une bataille l'an 867 (968 de J.C.). — ' Littéral, «par les traces littérales ap-

Le dictionnaire biograpiiiqiie d'Ibn Khal- parentes. »

likan renferme des articles sur tous les ' C'est-à-dire, on doil négliger les ex-

poëtes nommes dans ce chapitre. pressions pour s'en tenir aux pensées. Prolégomènes. — m. 48

�� �