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DIBN KHALDOUN. 371

ainsi qu'une femme kharedjite a dit (en déplorant la mort de son

frère) :

Arbres d'Kl-Khabour! pourquoi portez-vous des feuilles? On dirait que vous P. 33». ne regrettez pas le fils de Tarif.

On peut aussi annoncer à ses ennemis, comme une bonne nou- velle pour eux, qu'ils peuvent se reposer des malheurs dont on les avait accablés; exemple :

Enfants de Rebîa Ibn Nizar! déposez vos lances; la mort a emporté votre adversaire, ce vaillant guerrier.

I ,es autres formes et modes du discours offrent ime foule d'exemples analogues à ceux-ci.

Les phrases se présentent dans la poésie sous la forme de propo- sitions ou autrement, et ces propositions peuvent exprimer un sou- hait ou un ordre, ou bien énoncer un fait; elles peuvent être no- minales ou verbales, dépendre de celles qui précèdent ou ne pas en dépendre, être isolées ou jointes à d'autres, ainsi que tout cela a lieu pour les phrases du discours (ordinaire) des Arabes, en ce qui regarde la position ' relative des mots.

Vous reconnaîtrez cela quand, à force de vous exercer sur la poésie arabe, vous serez parvenu à posséder ce moule universel qui se forme dans l'esprit par l'abstraction de tous les cas particu- liers offerts par les mots combinés en phrases; moule qui embrasse toutes ces combinaisons. Celui qui compose un discours est comme le maçon ou le tisserand, et la forme intellectuelle qui s'adapte (à toutes les expressions) est comme le moule dans lequel le maçon introduit le pisé pour former un édifice, ou comme le métier sur lequel le tisserand fabrique sa toile. Si le maçon s'écarte de son moule, ou le tisserand de son métier, ce qu'il aura fait sera mauvais.

Si l'on dit que la connaissance des règles de la rhétorique suffit

' Pour (jLC«. , lisez (^jlXi ^ , avec les manuscrit!' C et D et l'édition de Boulac.

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