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D'IBN KHALDOUN. 363

Dans les écrits ofilciels, le seul styte auquel on puisse accorder son approbation est celui de la prose libre, dans laquelle on donne car- rière à la parole, sans la soumettre aux entraves de la rime. Cette règle n'admet aucune exception , si ce n'est quand l'écrivain lâche la bride à son talent ' et rencontre des ornements sans les avoir re- cherchés. D'ailleurs, le style (des adresses oUicielles) a un droit qu'il faut respecter '^ : on doit le conformer à toutes les exigences de l'état (de choses qu'il s'agit d'exposer). Or les sujets diffèrent beau- coup entre eux, et pour chacun il y a un style particulier: on peut le traiter longuement ou d'une manière concise, y sous-ontendre des choses ou les exprimer, les énoncer ouvertement ou les indiquer par des allusions, ou par des métonymies, ou par des métaphores.

Découper à l'instar de vers les phrases des documents qui émanent du sultan est une pratique qu'on ne saurait approuver. Rien n'a pu entraîner les écrivains de ce siècle à le faire, excepté l'influence que l'usage d'un dialecte étranger^ a exercée sur leur style et l'impuissance P. .3j3. où ils se trouvent, pour cette raison, de suivre les exigences de la langue arabe, en l'employant de manière qu'elle soit parfaitement d'accord avec les idées dont renonciation est exigée par l'affaire (qu'il s'agit d'exposer). Ne pouvant se servir de la prose libre, parce qu'elle tient un rang très-élevé dans la science qui a pour objet la parfaite expression de la pensée, et parce qu'elle a un domaine Irès-étendu, ils s'appliquent à la prose rimée, afin de cacher, par son emploi*, l'in- capacité qu'ils ressentent en eux-mêmes quand il s'agit de faire ac- corder les paroles avec les pensées; ils espèrent y remédier au moyen de ce genre d'ornement et en se servant d'artifices rhythniiques et de termes néologiques. Pour tout ce qui reste en dehors de cela^ ils n'ont pas le moindre souci. La plupart des auteurs qui ont adopté ce système, et qui l'ont poussé au dernier poinjt dans tous les genres du

' Pour «._C_A,«, lisez Ji-C-UI. en Egypte que dansles États barbaresques.

' Pour *Lkc, lisez »LLcl. * Les manuscrits C et D et l'édition de

' 11 est ici question de ceux qui rédi- Boulac portent *o à la place de ^ui. geaient la correspondance officielle , tant ^ Pour *k ., lisez ;j^^.

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