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D'IBN KHALDOUN. 359

aussi accompli dans Texercice de celle facullé que les (musulmans) espagnols, parce qu'on avail alors peu de relations avec les peuples élrangers; aussi posséda-t-on alors l'habitude de bien s'exprimer en arabe, 11 y avait dans cette contrée beaucoup de poêles distingués et d'écrivains d'un grand talent, parce que les Arabes et leurs enfants p. 3ji. y formaient la majeure partie de la population. Voyez la multitude de passages, en prose et en vers, qui se trouvent dans le Kilab el- Aghani ', le vrai livre des Arabes et celui qui renferme leurs archives : on y trouve leur langue, leur histoire, les récits de leurs grandes journées et combats, l'histoire de leur religion nationale et de leur Prophète, celle de leurs khalifes et de leurs rois, leurs poésies, leurs chants, et tout ce qui les concerne. Aucun autre ouvrage n'offre un tableau aussi complet des Arabes.

Cette facilité se conserva en Orient pendant la durée de ces deux dynasties et peut-être même avec plus de perfection que dans les temps antéislamites, comme nous nous proposons de le montrer plus loin. Mais enfin la puissance des Arabes fut réduite à rien, et l'usage de leur idiome se perdit; leur langage s'altéra; leur empire s'écroula et l'autorité passa à des étrangers. Ceux-ci devinrent alors les maîtres, et tout fut soumis à leur autorité. Cela eut lieu sous les dynasties des Deïlemides et des Seldjoukides : ces étrangers se mê- lèrent avec les habitants des villes et dominèrent, par leur grand nombre, sur la population : le pays fut rempU de leurs locutions, et le caractère étranger de leurs idiomes prit tellement le dessus parmi les citadins et les Arabes domiciliés, que ceux-ci s'écartèrent bien loin de leur langue et de l'habitude de la parler. Ceux d'entre eux qui voulaient l'apprendre ne purent y réussir que très-impar- faitement. Voilà l'état où nous trouvons aujourd'hui leur langage tant en prose qu'en vers, bien qu'ils s'en servent beaucoup. Dieu crée et choisit qai il lai plait.

' Voyez ci«devant, p. 33o.

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