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��PROLEGOMENES

��vint Ibn al-Khatîb, le même qui a péri si malheureusement de nos jours, victime des calomnies de ses ennemis ^ Ce personnage possé- dait la faculté de manier la langue de (Moder) à un point impossible à atteindre, et ses disciples^, après lui, ont marché sur ses traces. En somme, cette faculté est très-commune en Espagne; l'enseigne- ment en est très-facile (aux professeurs), parce qu'on s'y occupe sé- rieusement des sciences qui se rapportent à (l'ancienne) langue (arabe) et qu'on attache de l'importance à la littérature et à la conservation des bonnes traditions scolaires. Ajoutez à ces raisons que les hommes dont la langue est étrangère à l'arabe et qui possèdent mal la faculté (d'employer le langage de Moder) ne viennent en Espagne que passagèrement, et que leur idiome exotique n'a pas servi de base au langage de ce pays. Sur le continent africain (il en est autre- ment) : les Berbers forment la masse de la population, et leur langue est celle de toutes les parties du pays, à l'exception des grandes villes^. Aussi la langue arabe s'y trouve submergée sous les flots de cet idiome barbare, de ce jargon parlé par les Berbers, 11 est donc bien difficile aux natifs de ce pays d'acquérir sous des maîtres la fa- culté (de parler l'arabe avec pureté), et, en cela, ils diflèrent com- plètement des habitants de l'Espagne.

Dans l'Orient, du temps des Omeïades et des Abbacides, on était

��talent pour la poésie. Après avoir voyagé en Orient, il se rendit daus le pays des noirs, où il fut très-bien accueilli par leur sultan, il mourut à Tenboktou , l'an 747 (i346deJ. C).

' Voyez la 1 "partie, introduction, p. lxt et suiv, et l'Histoire dei Berbers, t. IV, p. 4i 1 et suiv.

  • Ibn Khaldoun assigne ordinairement

au mot ô-^ la signification du pluriel.

' Au temps d'ibn Khaldoun , la langue berbère se parlait dans presque toute l'Al- gérie et dans la plus grande partie du Ma- roc; ce ne fut que dans les grandes villes

��et dans la partie septentrionale du désert qu'on se servait de la langue arabe. Main- tenant l'arabe a remplacé le berber dans la province d'Oran, dans les plaines des départements algériens et dans celles de l'Empire marocain. Le berber ne se re- trouve que dans le centre et la partie mé- ridionale du grand désert , chez les peuples Touaregs, dans les pays de montagnes, tels que les deux Kabylics, la chaîne de l'Atlas, l'Aouras.les montagnes de la Tu- nisie, la province de Sous et quelques lo- calités isolées.

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