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��PROLÉGOMÈNES

��s'y établir; je n'en excepte quibn Rechîk ' et Ibn Cberef^. Aussi la classe (des poètes africains) est restée jusqu'à ce jour très-inférieure (aux autres) sous le rapport de la bonne expression des idées.

Les habitants de l'Espagne acquièrent cette faculté plus facilement qu'eux, parce qu'ils s'appliquent à graver dans leur mémoire des morceaux de cette ancienne langue, en prose et en vers. Ils eurent chez eux Ibn Haiyan ' l'historien, qui, sous le rapport de celte fa- culté acquise, tient le premier rang et marche, comme le porte- drapeau, à la tête de leurs écrivains; ils possédèrent aussi Ibn Abd Rabbou\ El-Castalli* et d'autres, qui avaient été attachés comme poètes à la cour des rois provinciaux (dont la puissance s'était établie sur les ruines de l'empire omeïade). Cela eut lieu dans les temps où l'étude de la langue et de la littérature conservait encore un grand essor. Cet état de choses avait duré en Espagne pendant quelques siècles, jusqu'aux jours de la dissolution (de l'empire) et de l'émigration®, lorsque les chrétiens eurent étendu leurs conquêtes dans ce pays. Depuis cette époque, on n'a plus eu le loisir de se livrer à l'étude de la langue; la civilisation (musulmane) a reculé, et r(art de bien parler) a éprouve un affaiblissement semblable, ainsi que cela arrive pour tous les arts (en pareil cas). La faculté (de la langue de Moder) s'est tellement amoindrie chez eux qu'elle est tombée dans un abaissement complet. Parmi les derniers (bons écrivains) qui ont ileuri en Espagne, sont Saleh Ibn Cherîf ^ et Malek Ibn Mo-

��' Voyez la i" partie, p. 8, n. a,

' Ibid. p. 32 1, n. 2.

' Ibid. p. 7, n. 1.

  • Ibid. p. 3o, n. I.

' Abou Omar Ahmed Ibn Mohammed Ibn Dcrradj el-Castalli (natif de Castalla, ville maritime de l'Algarve, en Portugal, et appelée maintenant Castro Marin) s'é- tait distingué en Espagne comme poète et comme érudit. Il naquit l'an 347 ^^ ^ ^" gire (958 de J. C.) et mourut en /lai (io3ode,I. C.)

��" Voyez la 2' partie, p. 2 3.

' Abou '1-Baca Saleli Ibn Chcrîf, litté- rateur et poète dislingué, élait nalif de Honda. Il laissa un ouvrage sur le partage des successions. Tels sont les renseigne- ments que Maccari nous fournit dans son Histoire d Espagne. Je suis porté à croire que c'est le même personnage dont Casiri fait mention dans sa Diblioth.arabico-hispan. t. 1, p. 379, et auquel il attribue nou-seu- Icmenl un traité sur les successions, mais aussi un autre sur la chronologie. Il le

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