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à acquérir cette faculté, je vous ferai observer que ces hommes, dont vous avez tant entendu parler \ n'étaient étrangers que par leur ori- gine, mais qu'ils avaient vécu et avaient été élevés parmi des Arabes qui possédaient ceîte faculté, ou parmi des gens qui l'avaient acquise par (la fréquentation de) ces mêmes Arabes. Ils s'étaient donc ren- dus par là maîtres de la langue arabe, au plus haut point de perfec- tion*. On pourrait dire que, dès la première époque de leur vie, ils étaient comme de petits enfants des Arabes, nés et élevés parmi leurs tribus, en sorte qu'ils ont saisi le fond et l'essence de la langue, qu'ils se sont trouvés dans la même position que si l'arabe eût été leur langue maternelle ; d'où il suit que, bien qu'ils fussent étrangers par leur origine, ils ne l'étaient point par rapport à la langue et à la parole, parce qu'à l'époque où ils ont vécu la religion était encore dans sa fleur et la langue dans sa jeunesse, la faculté de la parler n'étant point encore perdue et subsistant parmi les Arabes des villes. De plus, ces personnages se sont appliqués assidûment à étudier la manière de parler des Arabes et en ont fait leur exercice habi- tuel, en sorte qu'ils y ont atteint le suprême degré de perfection. Il en est bien autrement aujourd'hui de tel individu étranger qui a des relations de société avec les habitants des villes qui parlent la langue arabe : d'abord, cette faculté de bien parler l'arabe, celle qu'il veut acquérir, n'existe plus parmi ces gens; il trouve en vigueur chez eux une autre faculté qui leur est propre et qui est et) oppo- sition avec celle de la langue arabe. Quand même nous admettrions qu'il s'attachât à étudier les discours des Arabes et leurs poésies, en P. Si;, les lisant et les retenant par cœur, dans l'intention d'acquérir cette faculté, il ne pourra guère y réussir, parce que, comme nous l'avons dit, lorsque l'organe qui doit être le siège de cette faculté a été occupé d'avance par une autre, il ne peut presque jamais acquérir cette nouvelle faculté que d'une manière imparfaite et défectueuse. Si nous admettons qu'un individu, étranger par son origine, a été en-

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Prolégomëne». — m. 45

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