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D'IBN KHALDOUN. 349

servant à faciliter l'enseignement, mais on les a appliquées à un usage auquel elles n'étaient point destinées; on en a fait une science de théorie et on en a négligé le fruit.

On voit, d'après ce que nous avons dit à ce sujet, qu'on ne peut acquérir la faculté de parler correctement la langue arabe qu'en ap- prenant par cœur un grand nombre de locutions provenant des (an- ciens) Arabes. Il faut que le métier sur lequel ces locutions ont été façonnées se dresse dans l'esprit de l'étudiant, afin qu'il forme lui- même des phrases sur ce métier, et que, parla, il se trouve dans la position d'un homme élevé parmi les Arabes et qui a appris, par leur commerce, leurs façons de parler, en sorte qu'il ait acquis la fa- culté complète et habituelle d'exprimer ses pensées suivant les formes qu'ils observaient eux-mêmes en parlant. C'est Dieu qui a réglé la des- tinée de toute chqse.

Sur In significalion que le mol goût comporte dans le langage des rhéloririen!i. La faculté désignée par ce ternie ne se trouve presque jamais chei les étrangers qui se sont arabisés.

Le mot goiit est un terme fort usité par les personnes qui s'oc- cupent des diverses branches de la rhétorique ' ; il indique que la fa- culté de la réalisation (ou de parler avec précision) est déjà acquise à P. 3i3. l'organe de la langue. Nous avons fait observer que le mot réalisation signifie le talent d'établir une conformité parfaite, sous tous les points de vue, entre la parole et la pensée, en observant certaines parti- cularités qui sont propres à la composition des phrases et qui pro- duisent cet effet. Celui qui désire parler l'arabe et s'y exprimer avec netteté doit adopter le seul plan qui puisse y conduire; il apprendra par cœur les tournures employées par les Arabes, les expressions dont ils font usage dans leurs discours, et tâchera de disposer ses phrases de la même manière qu'eux. S'il réunit à ce genre de travail l'habitude de s'entretenir avec les Arabes, il acquiert la faculté de

' Le mot j^^i «goût» s'emploie aussi mais dans une autre acception. (Voyez ci - chez les Soufis comme terme technique , dessus , p. 88.)

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