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imposé à chaque idée une dénomination qui devait l'indiquer d'une manière générale, puis ils se servaient d'autres mots pour désigner certaines particularités d'une même idée. Cela nous oblige à distin- guer entre les mots d'institution primitive et ceux qui ont été intro- duits par l'usage. Pour y parvenir, il faut se sei-vir d'un art qui s'ac- quiert très-difficilement, .savoir, l'application de la critique au langage. Ainsi, par exemple, ils instituèrent le terme abiad pour désigner tout ce qui était plus ou moins blanc; puis ils désignèrent les chevaux blancs par le mot achehcb, les honmies blancs par le mot aziier et les moutons blancs par le mot amlah. (Ils observèrent cet usage si exac- tement) que l'application du qualificatif abiad à l'un ou l'autre de ces objets serait regardée comme une faute et une violence faite à la langue. Thaalebi ' s'est particulièrement occupé de cette matière et l'a traitée dans un ouvrage spécial intitulé Fikh el-Logha (la critique de la langue). C'est le meilleur ouvrage qu'un philologue puisse étu- dier, s'il ne veut pas"^ s'exposer à fausser les significations que les Arabes avaient attachées aux mots. Il ne suffit pas, en composant (une phrase), de connaître le sens primitif de chaque mot; il faut encore savoir si l'usage des Arabes justifie l'emploi de la phrase dans le sens qu'on lui attribue. C'est au littérateur qui dé.sire bien écrire, soit en prose, soit en vers, que cette connaissance est particuhèrement nécessaire; sans elle, il se tromperait à chaque instant dans l'em- ploi des mots de la langue, pris isolément, ou combinés avec d'autres. Les fautes de ce genre sont plus graves et plus choquantes que les P. j88, fautes de syntaxe.

Un savant des temps modernes composa un ouvrage dans lequel il entreprit de renfermer tous les mots qui ont plusieurs significations, et, bien qu'il ne les ait pas indiqués tous, il en a signalé le plus grand nombre.

' Abou Mansour Abdel-Vîeiek cth-Tliaa- ed-Dehr, ainsi que du traité intitulé luhh

lebi, littérateur el pliilologue très-dis- «/-LojA«. Il mourut en 429 (io37-io38). tingué.esl l'auteur de la célèbre antho- * La particule y' a ici la signiiication

logie poétique qui porte le titre de Yelimat négative.

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