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n'en continua pas moins à s'altérer par suite des rapports fréquents et intimes qui s'étaient établis entre eux et les peuples de race étran- î^ère ', La corruption s'étendit jusqu'aux mots institués (pour la repré- sentation des idées), et eut pour résultat ([ue beaucoup de termes arabes s'employaient en dehors de leur destination primitive. Cela provenait de l'inclination des Arabes à se familiariser avec les locu- tions vicieuses employées par les nouveaux arabisés et s'éloignant du bon arabe. Il fallait donc songer à fixer le sens des mots par le moyen de l'écriture et à réunir toutes ces indications pour en for- mer des recueils, car il était à craindre que la langue ne finît par P. j84. disparaître tout à fait , et que cela ne rendît impossible l'intelligence du Coran et des traditions.

Plusieurs philologues très-habiles entreprirent cette tâche, en ras- semblant des exemples du bon langage et en les dictant à leurs élèves. Le premier qui entra dans cette carrière fut El-Khalîl Ibn Ahmed el- Ferahîdi. 11 composa le Kitab el-Aïn^, livre dans lequel il inscrivit tous les mots qui peuvent se former par la combinaison des lettres de l'alphabet. Ces mots sont bilitères, ou trilitères, ou quadrililères; il y en a même qui se composent de cinq lettres (radicales) et qui ap- partiennent à la dernière classe des combinaisons permises dans la langue arabe. El-Khalîl réussit dans cette entreprise par l'emploi d'une suite de procédés embrassant (tous les cas qui pouvaient se présenter). Expliquons cela. I^e nombre des mots bilitères doit s'ob- tenir en opérant successivement sur les termes d'une série (régulière) qui commence par un et finit par vingt-sept, chiffre qui indique l'avant-dernier ternie de ia série des lettres de l'alphabet. En efl'et, chacune ' de ces lettres doit se combiner avec les vingt-sept autres. La première lettre fournirait ainsi vingt-sept mots bilitères; la se- conde, combinée avecles vingt-six (qui forment le restant de la série), produirait vingt-six bilitères; on prendrait ensuite Fa troisième (lettre pour la combiner de la même manière), puis la quatrième (et ainsi

' Ou persane. ' l'nur tv».y|l, lisez tV^I^'I.

' Voyez ci-après, p. 3 16.

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