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302 PROLÉGOMÈNES

faut signalei" surtout le Caire, métropole de Tunivers, portique de l'islamisme, source des sciences et des arts. La Transoxiane en a con- servé quelques restes, parce que les dynasties qui y ont régné n'en avaient jamais été dépourvues. Aussi les habitants de cette contrée possèdent-ils encore dans les sciences et dans les arts un degré d'ha- bileté qui ne se laisse pas méconnaître. Cela nous a été démontré par le contenu de certains ouvrages composés par un de leurs érudils et que nous avons reçus dans ce pays (la Mauritanie). Cet auteur se nomme Saad ed-Dîn et-Teftazani'. A l'égard des autres Persans, nous ne connaissons que l'imam Ibn el-Khatîb^ et Nacîr ed-Dîn et-Touci' dont on puisse être assuré que les écrits aient atteint aux dernières limites du beau.

En étudiant ces faits et en y réfléchissant, on trouvera encore une de ces singularités qui se présentent dans les choses humaines. Dieu crée ce qu'il veut.

Si un individu a contracté dan» sa jeunesse l'iiabitude de parler une langue non arabe, ce défaut rend l'acquisition des sciences (arabes) moins facile pour lui qu'elle ne l'est pour ceux dont l'arabe est la langue malernelle*.

La cause de ce fait est cachée, mais je vais en donner l'explication. Dans les études scientifiques de tout genre, on travaille uniquement sur les idées de l'entendement ou sur celles de l'imagination^. Ces études ont pour objet, d'une part, les sciences religieuses, et consis- tent ordinairement, pour celles-ci, dans l'examen des termes qui s'y emploient et des matières dont elles traitent. Tout cela est du do- maine de l'imagination, parce qu'il consiste en propositions fournies par le Coran et par la Sonna, et en termes employés pour énoncer ces propositions. D'une autre part, nos études ont pour objet les sciences

' Voyez ci-devant, p. lag. * Ce chapitre ne se trouve pas dans l'é-

' Voyez la i" partie, p 899. dition de Boulac. Ce célèbre philosophe et nialhéma- ' Les idées de l'entendement dérivent

ticien mourut en l'an 67a (127.3-1374 de de la raison, et celles de l'imagination de

J. C.). lafoi.

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