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D'IBN KHALDOUN. 297

se sont distingués chez les musulmans par leur habileté dans les sciences, soit religieuses, soit intellectuelles', étaient des étrangers. Les exemples du contraire sont extrêmement rares; car ceux mêmes d'entre eux qui tirent leur origine des Arabes dififéraient de ce peuple par le langage qu'ils parlaient, par les pays où ils furent élevés et parles maîtres sous lesquels ils avaient fait leurs études. La nation à laquelle ils appartenaient était cependant arabe, ainsi que l'auteur de leur loi.

Voici la cause de ce phénomène. Les musulmans des premiers temps ignoraient totalement les sciences et les arts'^ parce que leur civilisation simple et grossière s'était formée dans le désert. On se contentait à cette époque d'apprendre par cœur les maximes de la loi divine, c'est à-dii-e les ordres et les prohibitions de Dieu lui- même; on connaissait le Coran et la Sonna, sources d'où ces maximes dérivaient; et on recueillait de la bouche du législateur (inspiré) et de ses compagnons (les instructions dont on avait besoin).

Tous les musulmans étaient alors des Arabes, ne sachant pas ce que signifiait enseigner, composer des livres, compiler et enregistrer des connaissances; rien ne les obligeait à s'occuper de telles ma- P. 271. tières, rien ne les y portait. Cet état de choses continua pendant la période où vivaient les Compagnons et leurs disciples immédiats. On donnait alors le titre de lecteurs aux hommes qui travaillaient à se graver dans la mémoire les connaissances religieuses et à les com- nuiniquer aux autres; voulant indiquer pas là qu'ils savaient lire le livre (sacré) et qu'ils n'étaient pas des ignorants. Le terme ignorant s'employait alors pour qualifier tous les individus de la classe des Compagnons, en tant qu'ils étaient des Arabes Bédouins^. En dési- gnant par le titre de lecteurs ceux qui savaient le Coran par cœur,

signer les Persans. Dans le cliapilre sui- la première parue des Prolég. p. 286, n. a. vant, il sert quelquefois à indiquer les ' Il faut lire Jx i^J ^JZ^ jl.

races turques qui avaient envahi la Perse. ' Molianimccllui-mêmes'intilulale pro-

' Voyez, pourla construction singulière pliète ignorant, c'esl-à-dire sans inslruc-

ilont celle phrase offre encore un exemple, tion.

Prolégonièûes. — m. 38

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