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D'IBN KIIALDOUN. 287

les lettres. C'est principalement à l'enseignement de l'écriture qu'ils consacrent leurs soins. L'élève, entré dans l'adolescence, a déjà ac- quis une certaine connaissance de la grammaire et de la poésie; il commence, à y voir clair; mais il se distingue surtout par la beauté de son écriture. Il serait même capable d'embrasser toutes les bran- ches de la science '. si l'on avait conservé dans son pays les bonnes traditions d'enseignement; mais l'Espagne est privée de cet avantage, parce que le fil de cette tradition a été brisé. Aussi l'Espagnol ne possède d'autres connaissances que celles que l'enseignement primaire lui avait fournies. Mais cela suffit pour rhoihme que Dieu veut bien diriger; c'est pour lui une bonne préparation dans le cas où un pré- cepteur habile viendrait à se présenter.

Les habitants de l'ifrîkiya (la Tunisie) enseignent le Coran aux enfants; mais presque partout ils leur font apprendre en même temps les traditions, les principes et quelques problèmes des autres sciences. Mais ils tiennent surtout à familiariser les élèves avec le texte du (iOran et avec les diverses variantes et leçons de ce livre. Cette partie de l'enseignement est plus soignée en Ifrîkiya que partout ailleurs. P. a«ia. Après la connaissance du Coran, ce qui leur parait le plus important, c'est une bonne écriture. En somme, leur système se rapproche beau- coup de celui qu'on suit en E.spagne, et la cause en est que chez eux les bonnes traditions d'enseignement remontent jusqu'aux doc- teurs espagnols, qui, lors des victoires des chrétiens, avaient aban- donné l'Andalousie orientale, pour aller se fixer à Tunis, où ils trans- mirent leurs connaissances à leurs enfants.

En Orient, l'enseignement est, comme le précédent, d'un carac- tère mêlé; on me l'a dit au moins, mais je ne sais à quelle branche d'études on donne la préférence. D'après les renseignements que nous avons reçus (depuis), les jeunes gens étudient le Coran, les règles de quelques sciences et les ouvrages qui s'y rapportent. On ne joint pas à cet enseignement celui de l'écriture, parce que, dans ce pays,

' Le texte dit : « de s'accrocher aux pans de robe de la science. »

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