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278 PROLÉGOMÈNES

situde, perd la faculté de réfléchir, et, ne conservant plus le moindre espoir d'apprendre \ il renonce à la science et abandonne le profes- seur qui l'enseigne. Dieu dirige qui il veut.

Quand on explique un livre ou une branche de science, on ne doit pas y mettre trop de temps, ce qui arriverait si on multipliait les séances et si on les tenait à des intervalles trop grands; cela suflirait à faire oublier (aux élèves ce qu'ils auraient déjà appris) et à briser la liaison mutuelle des problèmes qui se rattachent au sujet. En interrompant la suite naturelle des problèmes, on rend très-difficile l'acquisition de la science.

Quand les doctrines les plus élevées d'une science se présentent à l'esprit aussi promptement que les premiers principes, et si elles sont restées à l'abri de l'oubli , la faculté de recueillir des connais- sances se développe très-promptement, s'établit dans l'esprit d'une manière très-solide, et reçoit la teinture (qu'on veut lui communi- quer'-). En effet, chaque faculté acquise naît de la fréquente répé- P. 254. tition d'un même acte, et, si l'on suspend l'acte, on su.spend l'acqui- sition de la faculté qui en dérive. Et Dieu vous enseigna ce que vous ignoriez. [Coran, sour. ii, vers. 2^0.)

C'est encore ime bonne règle à suivre, une voie dont on ne devrait jamais s'écarter, que de ne pas enseigner simultanément deux sciences à un élève; car, dans ce cas, il ne pourrait guère en apprendre même une seule, puisque son attention se partagerait entre elles et se dé- tournerait des problèmes de l'une pour s'occuper de ceux de l'autre; trouvant alors toutes les deux également difliciles et inabordables, et trompé dans ses espérances, il renoncerait à l'étude. Si on laissait l'esprit de l'élève assez libre pour qu'il pût s'occuper de ce qui est à sa portée et s'y borner uniquement, on lui fournirait, en général, une excellente occasion de s'instruire. C'est Dieu qui, par sa grâce, nous conduit à la vérité.

Section. — Je vais maintenant donner à celui qui veut s'instruire

' Pour (jJL) , lisez m-*Jj. nuscrils C et D et rédilion de Boiilac ne

' Le mol i:^\X\JJ esl de trop; les ma- l'offrenl pas.

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