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jamais à posséder coniplélement la science dont ils traitent. Il ne P. 25o. saurait même approfondir la grammaire arabe, bien qu'elle soit l'ins- trument et le moyen (pour arriver à la connaissance des autres sciences). Qu'en sera-t-il donc à l'égard des fruits auxquels on ne peut atteindre que par ce moyen .>^ Mais Dieu dirige qui il veut.

Le trop grand nombre d'abrégés scientifiques nuit au progrès de l'instruction.

Plusieurs savants des derniers siècles, ayant entrepris d'abréger les méthodes et les procédés qui s'emploient dans l'enseignement des sciences, s'appliquèrent avec ardeur à la tâche de classifier les no- tions scientifiques, afin de les résumer dans des traités qui puissent servir dorénavant de modèles uniques. Dans ces ouvrages ils expo- sèrent en peu de paroles, et avec le moins de remplissage possible, les questions dont on traite dans chaque science et les preuves qu'on y emploie, fournissant ainsi (à l'étudiant) la plupart des notions dont chaque branche de connaissances se compose. Ce procédé fut très-nuisible à la juste expression de la pensée et rendit très-diffi- cile l'intelligence des textes qui en résultaient. Quelquefois aussi ils prenaient les traités détaillés qui servaient de bases à l'étude de chaque science, l'exégèse coranique, par exemple, et la rhétorique, et en faisaient des abrégés qu'on piît facilement apprendre par cœur. C'est ce que firent Ibn ' el-Hadjeb pour la jurisprudence et pour les principes fondamentaux de cette science, Ibn Malek pour la gram- maire arabe et el-Khoundji pour la logique.

De pareils abrégés nuisent au progrès de l'instruction et à l'acqui- sition des connaissances. En effet, ils jettent le commençant dans un- grand embarras, en lui offrant les notions les plus élevées de la science avant qu'il se trouve en état de les comprendre. C'est là une mauvaise méthode d'enseignement, ainsi que nous le iTiontrerons plus tard. Ajoutez à cela la grande préoccupation d'esprit que ces ouvrages ini-

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