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auteurs. Leurs ouvrages se trouvent, en grand nombre, chez divers peuples et nations, et se transmettent d'une génération à une autre pendant des siècles. Us diffèrent les uns des autres, par suite de la di- versité des religions, des lois et des notions historiques touchant les nations et les empires. Cette différence n'existe pas pour les sciences philosophiques, parce que celles-ci se développent toujours de la même manière; ce qui , du reste, est exigé par la nature même de la faculté réfléchissante. En effet, c'est par la réflexion que l'on obtient des idées exactes au sujet des êtres tant corporels que spirituels, tant de ceux qui appartiennent à la sphère céleste (le monde spirituel) que de ceux qui sont composés des quatre éléments, tant des êtres abstraits que de la matière des êtres. Les connaissances de ce genre n'offrent jamais la moindre discordance. Il en est autrement des sciences religieuses, ce qui tient à la diversité (des religions et) des sectes. Les connaissances historiques aussi se contredisent, vu que, si l'on s'arrête à la super- ficie des renseignements, on les trouve rarement d'accord.

Il y a aussi une grande diversité entre les écritures, chaque peuple s'étant accordé à donner aux lettres (de son alphabet) des formes parlicidières. On désigne les divers genres d'écriture par les termes calam (roseau à écrire) et khatt (hgne, caractère). Le caractère hi- myérite, appelé aussi mnsnad\ est celui qui fut employé par les Himyériles et les anciens habitants du Yémen. Il diffère de celui dont se servent les Arabes, descendus de Moder, et vivant dans les temps postérieurs; les langues de ces deux peuples diffèrent aussi entre elles. Ce sont cependant, toutes les deux, des dialectes arabes; mais les Modériles s'étaient acquis une faculté de parler el de s'exprimer en arabe qui ne ressemblait pas à celle des Himyéritcs. Chacun de ces dialectes a ses règles générales, fondées sur la manière dont ceux qui le parlaient exprimaient leurs idées, et les règles de P. 24i. l'un ne sont pas les mêmes que celles de l'autre. On s'est quelque- fois trompé à cet égard , parce qu'on ne sait pas apprécier toutes les

' Le mot mosiiad signidc appuyé, mais qu'on l'a employé en pnrlanl du caraclère ce ii'esl cerlainertienl pas dans ce sens In'mvérile, qui est parfaitement droit.

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