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DIBN KHALDOUN. 253

et en droit) appartenant à la race berbère. Ils rôdent sur les frontières v. ai-j. de nos provinces, se logent dans les villages babités par des popu- lations ignorantes, se retirent dans les petites mosquées des peu- plades nomades, et font croire aux niais qu'ils connaissent l'art de faire de l'or et de l'argent. Comme ces deux métaux ont de grands attraits pour la plupart des esprits et qu'on alfronte volontiers la mort pour se les procurer, les fripons dont nous parlons y trouvent le moyen de gagner leur vie. Ils cherchent ensuite à tirer de leurs dupes encore davantage, tout en craignant (d'être découverts) et en se voyant étroitement surveillés; puis, quand leur incapacité est de- venue notoire et que l'ignominie de leur conduite s'est manifestée, ils prennent la fuite et passent dans un autre pays, où ils reprennent leurs fourberies et vantent leur prétendu talent, afin d'exciter la cu- pidité des gens mondains. Voilà les moyens par lesquels ils cherchent à vivre. H est inutile de parler raison à des gens de cette espèce, leur impudence et leur perversité étant portées à un tel extrême qu'ils ont adopté le vol par métier.

Rien ne pourra déraciner ces abus excepté la sévérité du magistrat : il faudrait saisir les malfaiteurs partout où ils se trouvent et leur couper les mains, après avoir acquis la preuve de leur culpabilité. L'alchimie conduit à la falsification de la monnaie, dont l'emploi est ])artout indispensable ', qui constitue les richesses des peuples, et dont la conservation et l'intégrité sont à la charge du souverain lui-même, ainsi que le châtiment des faux monnayeurs.

Quant à ceux qui ne pratiquent pas l'alchimie dans un but frau- duleux, et qui, trop honnêtes pour altérer les monnaies des vrais croyants, cherchent uniquement à convertir l'argent en or, et le plomb, le cuivre et l'étain en argent, par l'emploi du procédé déjà mentionne et par l'application de l'élixir qui produit cet effet, je dirai qu'avec eux on peut parler, en discutant les moyens par lesquels ils prétendent arriver à leur but. Je dois faire observer qu'on ne connaît personne

' Chez Ibn Khaldoun, le mol tJj^ est l'équivalent de *3»Ia.

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