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DIBN KHALDOUN. 251

on le soumet à la sublimation ou à la calcinalion, afin d'en expulser l'eau ou la terre qu'il peut renfermer. Quand toute l'opération s'est passée d'une manière satisfaisante et qu'on a achevé la manipulation selon les principes de l'art, on obtient une (substance) terreuse ou aqueuse à laquelle on donne le nom d'élixir [el-ikcir). Ils prétendent qu'une portion de cet élixir, projetée sur de l'argent chaulfé au feu, le convertit en or, et, projetée sur du cuivre chauffé de même ma- nière, le convertit en argent; ce qui, selon eux, dépend du but spécial qu'on avait en vue lorsqu'on s'était mis au travail.

Ceux d'entre les alchimistes qui se piquent d'exactitude disent que l'élixir est une matière composée des quatre éléments et qui, à la suite de la préparation et du traitement particulier dont il a été fait mention, se trouve douée d'un tempérament et de vertus naturelles qui lui permettent de convertir en sa propre forme toute (substance) dans laquelle elle entre, et de lui communiquer son propre tempé- rament. Cet élixir incorpore dans cette (substance) les qualités et les vertus qu'il possède lui-même, ainsi que le levain communique ses qualités à la pâte dont on fait le pain. Le levain convertit la pâte en sa propre substance et lui donne cette faculté de se gonller et de s'amollir qui existe en lui-même, la rendant ainsi d'une digestion fa- cile et la convertissant promptcment en un bon aliment. Il en est de niême de l'élixir d'or et d'argent : il change en sa propre substance tout métal dans lequel il entre et lui donne sa propre forme. Voilà, en somme, toute leur prétendue science.

Nous les voyons s'appliquer avec ardeur à ces opérations, dans l'es- poir d'y trouver de quoi se nourrir et s'enrichir. Ils se transmettent les uns aux autres les maximes et principes de l'art, doctrines qu'ils ont puisées dans les livres composés par les grands maîtres, leurs pré- décesseurs ; ils se communiquent mutuellement ces écrits , dont ils dis- cutent les passages énigmatiques dans fespoir d'en découvrir la signi- fication. Car il faut savoir que la plupart ' de ces ouvrages ressemblent

3i.

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