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DIBN KHALDOUN.

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��Ils enseignent que la jouissance produite par ce genre de per- ception est réellement le bonheur (suprèuje) qui a été promis (aux i>. hommes); mais c'est encore là une doctrine chimérique. Nous savons, d'après les principes établis par eux-mêmes, qu'il se trouve, au delà de l'action des sens, un autre genre de perception appartenant à l'âme et exercé par elle sans aucun intermédiaire; nous savons même que cette perception procure à l'àme une joie extrêmement vive; mais rien ne nous dit que ce soit là le bonheur qu'on doit éprouver dans l'autre monde. Je ne nie pas toutefois qu'une telle perception ne soit une des jouissances dont ce bonheur se composera.

• Le bonheur, disent-ils encore, consiste en la perception des êtres (spirituels) et à les voir tels qu'ils sont. » C'est là une opinion tout à fait insoutenable. Nous avons déjà fait remarquer, en signalant les erreurs et méprises auxquelles la doctrine du laubid^ a donné lieu, combien est faux le principe que ce qui existe se borne, pour chaque être capable de perception, aux seules perceptions qu'il a pu re- cueillir. « Ce qui existe, avons-nous dit (ailleurs), est trop vaste pour être compris (par notre entendement); l'homme ne saurait saisir en totalité ni les êtres spirituels ni les êtres corporels. »

Il résulte de toutes les opinions rapportées ici comme provenant des philosophes que la partie spirituelle (de l'homme), aussitôt qu'elle se détache des facultés corporelles, exerce un genre de per- ception qui lui est propre et qui s'applique à une certaine classe de perceptibles, c'est-à-dire aux êtres dont l'homme peut prendre con- naissance. Or cette partie est incapable de les connaître tous et d'en embrasser la totalité, car le nombre des êtres est sans limite'-. Le sentiment de plaisir que cette perception peut procurer est analogue à celui que l'enfant, dans son premier âge, ressent aux perceptions qu'il recueille par la voie des sens. Comment donc osent-ils allirmer que la connaissance de la totalité des êtres nous sera acquise, et que le bonheur (éternel), celui que le législateur (inspiré) nous a promis.

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��' Voyez ci-devant, p. loi et lOî. — ' Pour^-a-^, lisez y-tÂJ'.

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